Importance fonctionnelle de la diversité des ongulés dans les savanes africaines et implications écologiques de la propagation du pastoralisme.
La savane africaine est le biome abritant la plus grande diversité d'ongulés du globe. Les populations humaines de la savane africaine ont évolué depuis le système de chasseur-cueilleur vers des systèmes de productions plurispécifiques il y a plusieurs millénaires. A ce jour, le bétail domine la biomasse des ongulés d'Afrique. Dans leur étude, ils cherchent à déterminer la source de cette diversité d'ongulés, à explorer l'importance fonctionnelle de cette diversité et de considérer son implication dans les mesures de conservations.
Ils ont observé différents axes :
1. Importance fonctionnelle de la diversité des ongulés
a) Liens entre hétérogénéité de l'habitat et diversité de ongulés : la haute diversité d'ongulés dans les savanes africaines est directement liée à l'hétérogénéité spatiale du biome, du fait d'une spécificité d'habitat chez les ongulés
b) Spécificité de l'habitat : cette spécificité d'habitat varie en fonction de la taille de l'ongulé : les espèces plus petites sont plus spécialistes que les grandes espèces d'ongulés
c) Aire géographique des espèces en fonction de la taille du corps : il y a une corrélation positive entre la taille du corps et l'aire de répartition : un corps plus gros permet aux ongulés de mieux trouver de la nourriture et de mieux disperser dans les grands habitats
d) Rétroaction sur la structure des écosystèmes de la savane et leur fonction : la balance entre la biomasse d'herbivores grazer par rapport aux browser joue un rôle dans la régulation des végétaux mais aussi dans leur dispersion (graine, pollen). De plus, le cycle des nutriments et la nutrition des végétaux dépend également des grands herbivores : les troupeaux convertissent les végétaux en énergie (qu'ils vont utiliser) et en déchets métaboliques (fèces et urine) qu'ils relâchent dans le milieu, qui sera ensuite décomposés par les micro-organismes avant d'être restitué à la plante.
2. Impacts du pastoralisme sur la biodiversité des savanes africaines
a) Intervention pour améliorer des conditions abiotiques pour le bétail : le pastoralisme, en plus d'impliquer un contrôle des parasites et des prédateurs, a entraîné une augmentation spatiale de la disponibilité en eau (e.g, la fabrication de puits). Cependant, le pâturage entraîne une diminution de l'hétérogénéité de l'habitat car les troupeaux vont pâturer sur une plus grande gamme de strates végétales.
b) Surpâturage/Surexploitation : les zones surpâturées présentent des signes de dégradations, laissant place à une augmentation des espèces végétales à épines ou à défense toxique, une augmentation des sols dénudés, du ruissellement...
c) État des savanes et transition : le pâturage par le bétail bouleverse la succession écologique du milieu, qui n'atteindra plus le stade climacique. De plus, une dégradation des prairies savaniennes par un surpâturage du bétail peut être irréversible.
3. Implications dans la conservation
Dans le contexte actuel d'augmentation démographique des populations humaines, la sédentarisation semblait être la solution la plus simple afin de permettre un apport suffisant en protéine aux populations. Cependant, l'abandon du pastoralisme nomade entraine une surexploitation des prairies fertiles et impacte la biodiversité locale. Il semble donc plus approprié de retourner vers un système plurispécifique du pastoralisme afin de limiter l'impacte de la production sur la diversité des ongulés d'Afrique (les systèmes actuels étant surtout composés de bovins, ovins ou caprins). L'utilisation de la faune sauvage locale au lieu de la faune domestique semble également un bon moyen de limiter l'érosion de sa diversité (Principe du use-it-or-lose-it, Janzen 1992).
On a peu d'informations sur les méthodes car c'est une review, il est donc dur de pouvoir voir si les méthodes utilisées sont appropriées et si les résultats sont comparables entre eux. On observe cependant qu'il y a peu de résultats contradictoires entre les différentes études.
Dans cet article, ils précarisent un retour à un système plurispécifique du pastoralisme ou un retour au système de chasseur-cueilleur afin de limiter l'érosion de le biodiversité dans les savanes africaines. En effet, leur étude montre un effet néfaste et souvent irréversible du pastoralisme nomade sur les milieux savaniens et donc sur les espèces végétales et animales (ici, seulement les ongulés), qu'on y retrouve. Cependant, ils proposent l'adoption de pastoralisme nomade, et ce si le système est composé de différentes espèces pouvant avoir des effets complémentaires entre elles (feedback positif du troupeau). Les auteurs insistent sur le fait que les prairies ne doivent surtout pas être surchargées par le bétail et que la balance entre les types d'herbivores et importante pour un maintien de l'hétérogénéité de l'habitat.
L'article étant vieux, on a peu d'arguments sur l'impact du pastoralisme qui ont été observés plusieurs fois mais on a une bonne description de la diversité d'ongulés et des facteurs qui influent leurs répartitions.