Évaluation des risques écologiques des éoliennes offshores (OWF) sur la morue Kattegat.
Face au développement des OWF, il est nécessaire de prendre en compte les impacts environnementaux locaux sur les écosystèmes marins, qui subissent une pression croissante de multiples activités anthropiques. En dépit des résultats de la surveillance, les effets écologiques des OWF restent en questionnement. Lors de l'installation, l'enfoncement des pieux peut avoir des effets traumatiques et le dragage peut impacter diverses espèces. Une fois en service, le bruit des OWF peut affecter le comportement des espèces et des effets toxiques ont été mis en évidence. Cet article identifie les risques du OWF Kattegat (KOWF) d'une population vulnérable de morue, espèce clé dans la région. Cet article étudie les risques hypothétiques du KOWF sur la morue et la réduction des risques en utilisant un cadre d'évaluation des risques écologiques (ERA) combinés à une approche "weight-of-evidence" (WOE) en prenant en compte les facteurs de stresse référencés de KOWF sur la population de morue.
Le risque écologique est décrit par la probabilité et l'ampleur néfaste de facteurs de stresse (KOWF) sur les récepteurs écologiques (Morue de Kattegat), à l’aide d’une procédure de classement fondée sur le poids de la preuve. Les populations de morue ont été divisées en 3 sous-groupes de récepteurs spécifiés : morue mature (> 3 mois), morues en reproduction, morues juvéniles (< 3 mois). Le risque écologique a été caractérisé pour chaque agent de stresse et sur chaque récepteur. 6 facteurs de stresses ont été étudiés : 3 pendant la phase de construction et 3 pendant la phase de fonctionnement. Les preuves disponibles ont été évaluées en fonction de leur fiabilité et des arguments contradictoires, qui ont été comparés à l'aide de cartes de preuves. La possibilité d’effectuer des travaux de construction dangereux (par exemple, le battage de pieux) en dehors de périodes biologiquement sensibles a été intégrée à l’évaluation.
Les résultats montrent que la construction du parc éolien présente un risque élevé pour la morue comme le démontrent les probabilités classées et combinées et l'ampleur des effets néfastes. Les risques écologiques peuvent être réduits en évitant des événements de construction, en particulier pour les morues juvéniles. Dans ce cas, les risques écologiques sont réduits en évitant le battage de pieu de décembre à juin, ce qui confirme les indications antérieures selon lesquelles le battage de pieu est l'activité la plus dangereuse sur le plan écologique du développement de l'éolienne offshore. Une réduction supplémentaire des risques est obtenue en évitant les tranchées de câbles de janvier à mai. Cet article démontre l'importance de la planification dans le temps pour la réduction des risques. Les méthodes combinées ERA et WOE peuvent être utiles pour gérer les incertitudes liées aux impacts environnementaux dans le cadre du développement industriel offshore.
Cet article analyse un large panel d'articles traitant des risques lors de la phase de construction et lors de la phase opérationnelle des KOWF. L'article semble rigoureux, car les auteurs ont mis en évidence la fiabilité de chaque article en utilisant des indices et les comparant à l'aide de preuves issues de la littérature. La méthode ERA utilisée afin d'estimer le risque écologique tient compte des incertitudes liées à l'évaluation. Cependant, en dépit du manque de données traitant des effets négatifs des OWF sur l'ichtyofaune, ils ont dû se baser sur des études traitant d'effets analogues et non sur des effets spécifiques aux OWF. Ainsi, ce manque de données sur les OWF peut ajouter un biais à l'étude. Il est à noter aussi que l'article s'est concentré seulement sur la morue Kattegat. Les facteurs de stress étudiés peuvent bien sûr affecter d'autres récepteurs, qui pourraient avoir une influence indirecte sur la morue Kattegat.
Cet article permet de montrer que certains OWF peuvent avoir des impacts négatifs lors de leur construction, sur des espèces importantes dans l'écosystème local. Lors de la phase opérationnelle des OWF, aucun effet en particulier n'a été relevé. Ainsi, est-ce qu'une planification adaptée à chaque construction d'OWF permettrait d'effacer les risques lors de la phase de construction des OWF pour les populations d'ichtyofaune ?
Il aurait été intéressant d'appliquer la méthode WOE aux effets potentiellement positifs de l’énergie éolienne en mer sur l’environnement, dans le but de voir si selon les espèces, les effets sont vraiment positifs, de voir des contradictions potentielles dans la littérature.