La pollution sonore anthropique provoquée par le battage de pieux perturbe la structure et la dynamique des hauts-fonds.
Les bruits émanant des activités humaines sont désormais reconnus comme un polluant pour l'environnement. Il y a peu de recherche sur la manière dont les espèces de poissons sont impactées par le bruit anthropique. Cependant, certaines études ont montré l'impact négatif sur la recherche de nourriture pour les poissons, de réponse aux prédateurs et de protection parentale. Il est connu dans la littérature que la cohésion des bancs de poissons est dû à des interactions fines à partir de leur vision et ligne latérale. Le bruit émis par les battements des pieux dans le sol pourrait changer la façon dont les individus interagissent en groupes. Le bruit pourrait être perçu comme une menace, ou s'il masquait, distrait ou stressait des individus, ce qui pourrait avoir des répercussions sur les avantages du regroupement. Cette étude vise à comprendre comment le bruit de battage de pieux a un impact sur la forme, l'organisation et la dynamique des hauts-fonds du bar européen (Dicentrarchus labrax).
Les groupes ont été exposés dans des conditions de laboratoire, à des reproductions de bruits de fond ambiants enregistrés dans leur habitat naturel ou à des reproductions de battage de pieux, couramment utilisées dans la construction marine. Les paramètres associés à l'organisation spatiale et directionnelle ont été mesurés :
Ainsi que la dynamique de déplacement du poisson :
Ces mesures ont été analysées en tant que variables de réponse dans les modèles mixtes.
La distance entre les poissons a augmenté davantage, et l’organisation directionnelle et la vitesse des hauts-fonds ont diminué pendant les lectures de battage de pieux par rapport aux lectures avec son ambiant. Comparés à la lecture de sons ambiants, les groupes confrontés à la lecture du bruit de l'enfoncement des pieux sont devenus moins cohérents, moins ordonnés et moins corrélés en termes de changements de vitesse et de direction. En effet, le traitement additionnel du bruit a perturbé la capacité des individus à coordonner leurs mouvements les uns avec les autres. Les travaux de cette étude mettent en évidence le potentiel de pollution sonore provoquée par le battage de pieux pour perturber la dynamique collective des hauts-fonds, ce qui pourrait avoir des répercussions sur les avantages fonctionnels du comportement collectif d’un groupe.
Concernant la méthodologie, nous n’avons aucune information sur le nombre de poissons utilisé dans cette étude. Or, si l'étude est réalisée sur un petit échantillon de _D. labrax _, les résultats de l'étude peuvent être remis en question. Nous n'avons pas non plus d'information de comment ont été constitués les groupes expérimentaux. Le fait que l'expérience se soit réalisée en laboratoire, nous pouvons nous demander si les résultats reflètent les conditions dans le milieu naturel. L'étude s'est concentrée sur des réponses à une seule exposition. Mais qu'elle serait les réponses à une exposition à plus long terme, comme dans le milieu naturel ?
Cet article est tout de même intéressant, car il fournit des résultats sur les impacts du battage des pieux lors de construction de projets offshore, sur les interactions sociales des individus au sein des groupes et non à l'échelle individuelle. Ces résultats confortent ceux trouvés dans la littérature comme le fait que cette incidence sur les avantages de la vie en groupe entraînerait une augmentation du risque de prédation par une perte de l'accès à l'information social. Individuellement, les poissons dans les hauts-fonds obtiennent des informations des autres, par exemple, sur une menace détectée, en copiant les changements de vitesse et de direction des voisins proches. Il serait intéressant d'étudier si ces conséquences sur l'organisation spatiale et directionnelle des poissons ont un impact sur des aspects plus fonctionnels de l'écologie, comme la recherche en nourriture.