Titre de la review :

Les services écosystémiques pour l'évaluation environnementale : appui ou frein ?


Figure :

La figure montre quels services écosystémiques (axe horizontal) peuvent être appelé pour évaluer les impacts environnementaux dans chaque catégorie (axe vertical). Les cases noires correspondent aux croisements pertinents.

Résumé de la review :

Introduction
Les auteurs veulent déterminer si l'intégration des services écosystémiques dans les évaluations environnementales (études d'impact, évaluations stratégiques, etc.) apporte une véritable plus-value.

Leur approche consiste en une revue des limites de l'évaluation environnementale actuelle, pour déterminer ce qui justifierait l'intégration des services écosystémiques. Puis ils étudient des cas concrets où les services écosystémiques ont été utilisés pour explorer les principales forces et faiblesses de cette approche, avant de conclure de façon générale.

Les limites de l'évaluation environnementale
Les auteurs relèvent dans la littérature les critiques principales adressées aux évaluations environnementales :

  • Pertinence d’évaluer projet par projet les impacts d'une politique globale (perte des effets de synergie par exemple) ;
  • Manque de cadrage précis du périmètre de l'étude, duquel dépendent pourtant les résultats ;
  • Imprécisions sur la constitution et l'utilisation du scénario de référence qui sert de point de comparaison avec la situations "sans mise en place de la politique ou du projet" ;
  • Manque de considération des alternatives à la politique ou au projet ;
  • Peu de compréhension des effets cumulatifs et de la significativité des effets ;
  • Manque de consultation et d'engagement des acteurs locaux ;
  • Impression que l'évaluation des impacts est une obligation inutile, et pas un outil pour supporter les décisions ;
  • Manque de conseils opérationnels pour la conduite concrète des évaluations.

L’intérêt du recours aux services écosystémiques
Les auteurs développement 5 cas d'études pour déterminer à chaque fois comment et pourquoi les services écosystémiques ont été intégrés dans l'analyse, et quelle a été leur valeur ajoutée.

Ils en déduisent les forces et faiblesse de cette méthode :

Forces :

  • Les services écosystémiques permettent de considérer des paquets de services rendus par l'environnement, pas simplement des 'thèmes' environnementaux ;
  • La description de l'environnement se déplace des "choses" aux bénéfices ;
  • Les acteurs et le public sont bien placés pour participer à la démarche par services écosystémiques, qui se base sur l'utilisation concrète des écosystèmes ;
  • Les services écosystémiques sont particulièrement utiles dans les évaluations environnementales où il existe des conflits clairs entre environnementalistes et économistes.
  • Les services écosystémiques aident les décideurs à comprendre les bénéfices qu'ils tirent de l'environnement, et comment l'environnement peut lui aussi influencer leurs plans ou projets ;
  • Ce cadre explicite la valeur des écosystèmes perçue par les décideurs.

Faiblesses :

  • Le jargon associé aux services écosystémiques peut être difficile pour certains acteurs ;
  • Le concept même de services écosystémiques est complexe ;
  • L'évaluation des services écosystémiques est toujours contestable sur le plan méthodologique, ce qui peut être un problème pour rentrer dans un cadre légal rigide ;
  • Réaliser une évaluation complètes des services écosystémiques est un exercice long (et donc coûteux) ;
  • L'utilisation des services écosystémiques ne se prête pas à tout type de contexte, de projets, de plans, etc. ;
  • La valeur des services écosystémiques ne correspond pas à la valeur totale des écosystèmes, or elle peut servir de base pour mener des opérations de compensation écologique (les travaux qui doivent être engagés quand un projet impacte l'environnement, pour compenser ailleurs les effets négatifs locaux et atteindre une non-perte nette de biodiversité par exemple).

Conclusion
Les services écosystémiques peuvent avoir un intérêt dans les évaluations environnementales, mais tout dépend du contexte spécifique pour chaque projet (selon les secteurs, échelles, facteurs critiques de décision, données, etc.). Les auteurs concluent que "il est probable que les services écosystémiques aient plus besoin des évaluations environnementales que l'inverse".

Ce que cette review apporte au débat :

Excellente synthèse des enjeux lié à cette controverse. S'il ne faut lire qu'un article sur le sujet, c'est sans doute celui-ci.

Remarques sur la review :

Les auteurs évoquent le côté légal : il y aurait un petit lobby au niveau européen pour intégrer les services écosystémiques dans la nouvelle directive cadre pour les évaluations environnementales (à la date de l'article, 2013). Ils n'y sont pas favorables tant que les bénéfices de cette intégration ne sont pas clairement et objectivement démontrés, ainsi que leur possible généralisation. Ils soulignent que, quoi qu'il en soit, la qualité des évaluations environnementales dépend surtout de la précaution de ceux qui la font et de la motivation des décideurs à mieux intégrer l'environnement dans leurs décisions.

Publiée il y a plus de 8 ans par F. Giry.
Dernière modification il y a plus de 8 ans.