Est-il légitime de définir l'anthropocène comme époque géologique ?
Le terme d’Anthropocène a été créé en 1980 par Eugène Stoermer pour exprimer l’impact des activités humaines sur la planète. Il a ensuite été repris par Paul Crutzen dans les années 2000 qui explique dans un article que nous avons quitté l’Holocène et que nous sommes entrés dans une nouvelle époque géologique, l’Anthropocène. Cependant, une époque géologique est définie grâce à l’échelle des temps géologiques. Celle-ci permet de classer chronologiquement les événements qui se sont déroulés dans l’histoire de la Terre. L’échelle des temps géologiques est divisée en éon, ère, période, époque et âge. Une proposition de formaliser l’Anthropocène comme époque géologique a été étudié par l’”Anthropocene Working Group” créé en 2009, commandité par la Commission Internationale de Stratigraphie. Le statut d’époque place l’Anthropocène au même rang que le Pléistocène et l’Holocène, ce qui implique qu’il serait inclus dans la période du Quaternaire et que l’Holocène serait terminé. Cependant, l’Anthropocène est totalement fondé sur l’impact de l’Homme sur la planète alors que lorsque l’Holocène a été défini, il prenait déjà en compte l’impact des activités humaines. Certains auteurs proposent ainsi de les considérer comme contemporains l’un de l’autre ou de définir l’Anthropocène comme un âge, l’échelon inférieur à l’époque. La formalisation du terme Anthropocène nécessite d’être justifiée d’un point de vue scientifique, c’est-à-dire que le signal géologique en train de se former dans les strates doit être clair, distinctif et présent à l’échelle mondiale afin de représenter un point stratotypique mondial. Sa formalisation doit également être utile à l’ensemble de la communauté scientifique.
Lorsque le terme a été réintroduit par Crutzen, les médias se sont aussi ajouté au débat. Il y a une dimension politique dans cette controverse dans le sens où la définition d’une “Époque de l’Homme” peut permettre une prise de conscience de son impact et une volonté d’agir. C’est pourquoi il est important de faire la part entre le fondement scientifique de certaines propositions et leur dimension rhétorique de caractère idéologique.