Apiculture et conservation de la biodiversité : l'abeille domestique menace-t-elle les pollinisateurs sauvages ?
Introduction
L'apiculture consiste à élever des colonies d'abeilles en ruchers, à des fins de production de miel et autres produits de la ruche, ainsi que pour la pollinisation (notamment en agriculture). L'abeille à miel, Apis mellifera (Linnaeus 1758), est la seule espèce d'abeille domestiquée en Europe, et l'une des rares à avoir un mode de vie eusocial, avec une reine reproductrice et un grand nombre d'ouvrières au sein de la ruche. A contrario, il existe près de 2000 espèces d'abeilles sauvages en Europe, presque toutes solitaires (chaque femelle construit son propre nid pour y pondre ses oeufs). Cette diversité constitue donc une part essentielle de la pollinisation, aussi bien de plantes cultivées que sauvages.
Or, l'implantation d'un grand nombre d'individus d'abeilles domestiques pourrait nuire à ces pollinisateurs sauvages, notamment par compétition pour les ressources florales. D'autant plus que l'abeille domestique, généraliste, serait avantagée par rapport à des pollinisateurs spécialistes.
Cette question est particulièrement importante pour les gestionnaires de parcs naturels, vis-à-vis de l'impact de l'installation de ruches dans des espaces de biodiversité riches et fragiles.
Cadre concret
Cette controverse se focalisera sur les effets que pourraient avoir l'implantation de ruches dans l'aire de répartition originelle de l'abeille domestique sur les populations de pollinisateurs sauvages. Le but ici n'est pas de questionner l'effet de l'introduction d'Apis mellifera en tant qu'espèce non-native sur des pollinisateurs autochtones, par exemple suite aux importations aux États-Unis ou en Australie.
Elle questionnera en particulier l'existence d'interactions de type compétition, mais pourra s'élargir à l'interférence via l'arrivée de pathogènes transmissibles de l'abeille domestique aux insectes sauvages.
Enfin, une ouverture peut aussi être envisagée sur l'efficacité de pollinisation : est-elle meilleure effectuée les insectes sauvages seuls ? par l'abeille domestique seule ? par la présence (voire synergie) des deux ?
Cadre conceptuel
Les études sont contradictoires sur le sujet, certaines trouvent que cela induit une pression sur les pollinisateurs sauvages, d'autres concluent à une absence d'effets, ou encore que les résultats seraient variables selon certaines caractéristiques du milieu. Des biais sont parfois soulignés dans les méthodes employées, notamment que l'absence de mesure de succès reproducteur ne permettrait pas de conclure.