Le rôle de l’espèce domestiquée Apis mellifera dans la pollinisation des cultures est-il surestimé par rapport à celui des espèces sauvages ?
Introduction
Au fur et à mesure de la disparition de l’espèce Apis mellifera, dite abeille domestique, l’inquiétude a grandi quant à la pollinisation des cultures (Watanabe, 1994). Alliée prépondérante en agriculture, sa disparition inquiète écologues et agriculteurs. Cette espèce est victime du Colony Collapse Disorder (CCD), une mortalité massive des colonies due à plusieurs facteurs tels que la dégradation de l’habitat, le parasite Varroa destructor et le changement climatique (Potts et al., 2010).
Depuis l’apparition du CCD et la tendance alarmiste qui en découle, plusieurs articles relativisent les effets de la disparition de cette espèce, moins bonne pollinisatrice que les espèces sauvages mais plus occurrente et facile à élever.
Cette controverse relance le débat apparu en 1991, à travers lequel certains scientifiques pointaient du doigt la large place accordée à A.mellifera dans l’agriculture mondiale.
L’espèce A.mellifera joue-t-elle vraiment un rôle prépondérant dans la pollinisation des cultures et est-elle indispensable à celle-ci ? Les importances relatives de ces espèces sauvages et domestiques sont-elles différentes selon la zone géographique et la culture considérée ?
Cadre concret
Malgré les recherches accrues depuis la fin du XXème siècle, il n’existe donc pas à ce jour de consensus concernant l’importance d’A.mellifera par rapport aux abeilles sauvages dans la pollinisation des cultures mondiales et l’augmentation des rendements. En effet, les résultats semblent varier selon la région du monde et les cultures considérées.
Cadre conceptuel
On postule que les pollinisateurs sauvages et domestiques auraient une importance différente dans la pollinisation des cultures. Aussi, la majeure partie de la controverse serait due à des résultats contradictoires entre études faites dans différents pays, mais aussi à des différences de cultures observées ou à des sensibilités différentes des auteurs à la notion de conservation.
Nous aborderons les différences d'efficacité de pollinisation des cultures entre abeilles domestiques et abeilles sauvages, et plus généralement pollinisateurs sauvages. Nous analyserons alors les résultats différents entre pays/continents ayant participé à alimenter la controverse. En ouverture, nous présenterons brièvement les conséquences économiques et sociales d'une substitution des sauvages aux domestiques en cas de disparition d'A.mellifera.