Syndrome de domestication : l'humain partage t'il des traits phénotypiques avec des espèces qu'il a lui même domestiquées ?
Comprendre et expliquer l’évolution de notre espèce Homo sapiens sont encore des questions scientifiques soumises à controverse. Des approches par l’étude morphologique et comportementale ont mis en lumière une nouvelle perspective à ce sujet : pour vivre en communauté, l’humain a t'il développé des analogies phénotypiques avec des espèces qu’il a lui-même domestiquées ? La domestication est un processus à long terme de sélection intentionnelle, ou inadvertent, réalisé par l’espèce humaine pour des traits souhaitables chez des populations d’organismes d'intérêts, induisant un ensemble de changement phénotypiques (Moretz et al., 2007; Wilkins., 2019). Certaines populations domestiquées partagent des analogies phénotypiques, admettant une variabilité d’expression e.g. comportementales, morphologiques et physiologiques. Ces analogies ont participé à la construction du concept de “syndrome de domestication”. Ce syndrome est généralement associé à une augmentation des comportements prosociaux e.g. hypersocialité, docilité, prompt à la tolérance sociale envers d’autres espèces (Jason et al. 2007), et une diminution des comportements agressifs (docilité relative) (Gleeson et Kushnick 2018, Xu Wang et al. 2017). Des scientifiques ont caractérisé des traits phénotypiques chez l’humain correspondant à ce syndrome de domestication (Wrangham., 2019 ; Sànchez-Villagra et al., 2019, Gleeson et Kushnick 2018). Le facteur développementale de l’hypoplasie héréditaire de la crête neurale est considérée comme la cause de l’apparition simultanée de ces caractères partagés (Moretz et al. 2007, Gleeson et Kushnick 2018). Mais peut on considérer que ces corrélations phénotypiques s’expliquent qu’à travers ce syndrome de domestication ? Sur la base des arguments en faveur du syndrome de domestication chez Homo sapiens, nous présenterons des arguments antagonistes à cette hypothèse. Pour exemple : la gracilisation squelettique chez l’humain est un des caractères associés à ce syndrome. Cependant, ce caractère est également partagé par d’autres clades de mammifères qui ne présentent pas à ce syndrome, mais aurait aussi vécu les pressions de sélection du réchauffement interglaciaire du pléistocène supérieur (Sánchez, Villagra et van. Schaik 2019).