L'utilisation des néonicotinoïdes a-t-elle un impact sur les populations d'insectes pollinisateurs ?
Les insectes pollinisateurs jouent un rôle majeur dans les écosystèmes en participant à la reproduction de nombreuses plantes à fleur. Depuis quelques années, on observe un déclin des populations d’insectes pollinisateurs, en particulier des abeilles et des bourdons, notamment en Europe : en effet, plus de 75% des insectes volants ont disparu des zones protégées allemandes et selon certains auteurs, ce chiffre pourrait être étendu à toute l’Europe. Plusieurs phénomènes seraient à l'origine de ce déclin comme la raréfaction de nourriture, la présence de prédateurs, de parasites et de pathogènes, le dérèglement climatique ou encore l'utilisation croissante de pesticides tels que les néonicotinoïdes.
Les néonicotinoïdes appartiennent à une famille d'insecticides agissant sur le système nerveux des insectes comme le puceron par exemple, en perturbant la transmission de potentiel d'action entre neurones. Cette famille d'insecticides est la plus utilisée dans le monde; elle représente un tiers des ventes mondiales et les trois molécules principalement utilisées sont : l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine. Ces molécules ont pour particularité d'être systémiques, autrement dit, elles peuvent se retrouver dans l'ensemble des organes de la plante. En conséquence, ces insecticides se retrouvent dans le pollen et le nectar, ce qui est susceptible de contaminer les insectes pollinisateurs.
Depuis les années 1990, de nombreux apiculteurs français observent une mortalité importante des abeilles domestiques. en 2009, l’Anses avait été saisie par le ministère chargé de l’agriculture d’une demande d’appui scientifique et technique sur les conséquences éventuelles de l'utilisation des néonicotinoïdes afin de mieux comprendre ce phénomène. À la suite de la publication de plusieurs études scientifique , l'EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) publie un rapport qui conduit au bannissement complet de l'utilisation de trois néonicotinoïdes (l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine) au sein de l'Union Européenne en 2018. Cependant , en 2020, une dérogation est votée afin de re-autoriser l'usage de néonicotinoïdes pour les seules cultures de la betterave sucrière, menacées par le virus de la jaunisse transmis par le puceron.
Cependant, l'ensemble de ces décisions politiques sont largement contestées et la nocivité de ces néonicotinoïdes sur les populations d'insectes pollinisateurs fait l'objet d'une vaste controverse scientifique.