La question des faibles doses a déjà une histoire longue, très liée dans un premier temps à la
radioactivité, et peut être retracée à travers toute une série de controverses métrologiques à propos de
l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux. En prenant appui sur les évolutions récentes
suscitées par la prise en compte de plus en plus saillante des perturbateurs endocriniens, l’article propose
une exploration des différentes logiques épistémiques à l’œuvre dans les milieux de recherche et
d’expertise mobilisés autour des faibles doses. À partir d’une analyse documentaire, d’observations
participatives de groupes d’experts et d’une série d’entretiens, il examine les appuis cognitifs et
techniques utilisés par les acteurs, et les conditions pragmatiques de ce qu’une partie d’entre eux appelle
un « changement de paradigme », conduisant à la redéfinition des concepts et des outils de la toxicologie
au XXIe siècle.