Evaluation des quantités de gibiers prélevées autour du Parc National d'Odzala-Kokoua et leurs impacts sur la dégradation de la biodiversité.
Chaque année, autour des aires protégées, plusieurs animaux sont abattus en vue d’alimenter le commerce du gibier ou de la viande de chasse. La biomasse la plus chassée est souvent constituée par les animaux de la même espèce et les plus intéressants pour les braconniers. Les conséquences immédiates se résument par l'érosion de la biodiversité.
Les objectifs de l'étude sont de :
-dresser la liste des animaux les plus capturés par ordre et par espèce ;
-identifier le mode de chasse qui prélève plus de gibier ;
-estimer les pourcentages de captures par zone de chasse.
Les résultats attendus peuvent à terme aider les gestionnaires des parcs nationaux à mettre en place des programmes plus cohérents de développement socio-économiques dans les zones de transition afin de détourner les acteurs de la filière chasse vers des activités plus porteuses, ce qui réduirait leur pression sur les populations animales, et ainsi garantir la protection de ces écosystèmes.
Cette enquête est basée sur un échantillon de vingt chasseurs âgés de 35 à 40 ans. Les chasseurs échantillonnés étaient questionnés afin d'obtenir des données qualitatives et quantitatives (le nom et le nombre d’espèces, la zone de capture du gibier et la technique de chasse). La collecte des données s'est faite grâce à des fiches d'enquêtes remplies par les chasseurs. Toutes les données collectées ont été saisies et analysées statistiquement et les pourcentages de capture par zone de chasse et par technique de chasse ont été estimés.
L'étude relève que les prélèvements ont été effectués dans sept ordres ( les Artiodactyles, les Primates, les Rongeurs, les Carnivores, les Caraciiformes, les Crocodiles et les Pholidotes). Les quatres ordres aux prélèvements les plus élevés sont : les Artiodactyles (n = 152), les Primates (n = 51), les Rongeurs (n = 21) et les Carnivores (n = 17).
Au sein de chaque ordre, on constate que les prélèvements varient considérablement selon les espèces.
L'examen des pourcentages des captures de gibiers par zone de chasse montre que globalement, les prises de gibiers sont plus élevées dans la zone de transition (61,89%) que dans la zone tampon (38,82%).
Enfin, les pourcentages de capture selon les techniques de chasse montrent que les prélèvements les plus importants ont été obtenus avec des méthodes traditionnelles (63,82%) face aux méthodes modernes (36,90%).
Les résultats sont obtenues grâce à des réponses aux fiches d'enquêtes, c'est donc une méthode purement théorique ce qui peut remettre en question la validité des résultats.
Les tendances observées montrent que la chasse traditionnelle est à l'origine de l'extinction ou de la raréfaction de nombreuses espèces d'animaux sauvages. De plus, l’absence de mesures adéquates pour la protection de la faune pourrait conduire à terme à une extinction des espèces les plus représentatives telles que les Céphalophes dans cette zone d’étude. Ces résultats appuient le fait qu'une politique d’aménagement s’impose. En effet, il est nécessaire de mieux contrôler l’utilisation des pièges, de développer certaines cultures vivrières dans et/ou à la lisière des zones tampons afin de maintenir dans leur habitat certaines espèces animales telles que les Primates. Cela permettrait le maintient de nombreuses espèces à l’écart des champs des paysans. Ces interventions ont pour objectif la chasse traditionnelle durable, équitable et respectueuse de l’environnement qui intègre défense des populations animales et des cultivateurs dans leurs habitats respectifs.