Titre de l'article :

La chasse sélective intense conduit à une évolution artificielle de la taille des cornes


Introduction à l'article :

Pour étudier les effets de la chasse sélective sur l’évolution morphologique des cornes des mouflons canadiens (Ovis canadensis), les auteurs ont recueilli et analysé 39 années d’enregistrement (1972 à 2011) sur la longueur et la circonférence de la base des cornes de 510 femelles et 497 mâles adultes, et ont également effectué des analyses génétiques pour vérifier quels traits phénotypiques et génétiques étaient liés. Notons au passage que la chasse au mouflon a drastiquement baissé à partir de 1996 et a été interdite en 2011.

Expériences de l'article :

Depuis 1972 les mouflons sont marqués pour étudier leur population et identifier les individus. Ils sont capturés chaque année pour que des mesures soient effectuées (ou pour le marquage de nouveaux individus). Les paramètres retenus sont :
-longueur des cornes (mâles et femelles séparément), avec une limite d'âge entre 2 et 4 ans (à partir de 4 ans, les cornes ont pratiquement atteint leur taille maximale, et au delà, elles sont susceptibles d'avoir été cassées lors de combats entre mâles)
-circonférence de la base des cornes (mâles et femelles séparément)
Le modèle prend en compte l'âge de l'animal, son identité, l'année de mesure et fournit une estimation de la valeur reproductive de chaque individu.

Résultats de l'article :

Selon cette étude, la chasse sélective peut entraîner de rapides changements évolutifs au sein des populations cibles. La sélection artificielle tend à favoriser les mâles à cornes courtes alors que la sélection naturelle favorise ceux à longues cornes (qui font l'objet de la chasse aux trophées). Une tendance à la réduction de la taille des cornes des mâles est observable d’après les enregistrements. Les dimensions des cornes des mouflons sont d’avantage influencées par l’hérédité chez les mâles que chez les femelles.
Après 1996, lorsque la chasse du mouflon a drastiquement baissé, la diminution de la taille des cornes des mâles à cessé, mais la tendance ne s'est pas inversée. Cette observation démontre que la sélection naturelle est moins forte et a donc des effets moins rapidement visibles que la sélection artificielle induite par la chasse aux trophées.

Rigueur de l'article :

L’article est bien rédigé, clair et concis. Cette étude semble rigoureuse.

Ce que cet article apporte au débat :

Cet article ouvre des perspectives importantes sur le fait de prendre en considération l’impact évolutif potentiel de la sélection artificielle induite par la chasse aux trophées, afin de tenter de déterminer les limites à imposer à cette pratique pour en éviter les effets néfastes. L’étude prouve que, non seulement la chasse sélective a des répercussions évolutives, mais aussi qu’un retour vers un état antérieur (sans pression de sélection humaine) est bien plus lent que la tendance enclenchée par la chasse.

Publiée il y a plus de 6 ans par M. Ducros et Lugdiwine.
Dernière modification il y a plus de 6 ans.