Est-ce que la reforestation représente une menace potentielle pour la diversité des bousiers dans les Alpes ?
Les Alpes présentent une grande hétérogénéité d'habitats, expliquant la diversité biologique qu'on peut y trouver. Les activités pastorales ont contribué au façonnement de ces paysages et ont donc un rôle important dans leur biodiversité. Le déclin des activités pastorales, avec l'arrêt du pâturage, est le principal facteur responsable de la reforestation naturelle des alpages causant la disparition des milieux ouverts.
La conservation des bousiers (Coleoptera : Scarabaroidea) est importante car ils jouent un rôle important dans le recyclage des matières fécales et la structuration/fertilité du sol. Ainsi, la déprise agricole et la reforestation peuvent représenter une menace pour la diversité des bousiers.
L'étude se base dans une vallée alpine où tous les stades de successions écologiques de la reforestation sont présents. Afin d'estimer l'effet de la reforestation sur la diversité des bousiers, ils ont comparé l'abondance et la richesse spécifique entre les différents stades végétaux.
L'étude a eu lieu dans la vallée de Sessera, dans les Alpes italiennes. Ils ont identifiés 4 types de végétations correspondant aux stades de succession écologique de la reforestation naturelle : la pâture, la lande arbustive, la forêt pionnière et la hêtraie. Durant l'année d'étude, seuls 40 bovins étaient présents sur le site et quelques ongulés sauvages (chevreuils et cerfs) résidents sur la zone. Afin de prendre en compte l'effet relatif de l'altitude, ils ont considéré deux altitudes pour chaque type d'habitat, répliqué deux fois (16 sites en tout). Sur chaque site, ils ont positionnés 5 puits : quatre à chaque angle et un au milieu. L'échantillonnage s'est fait de juin à septembre (période d'activité des adultes bousiers sur la zone), avec un relevé tous les 3 jours.
Ils ont estimé pour chaque site la richesse spécifique et l'assemblage d'espèces qu'ils ont ensuite comparés entre sites pour mesurer l'effet du type d'habitat, de l'altitude et de la période d'échantillonnage.
Les résultats démontrent que, parmi les 4 types d'habitats, la pâture et la hêtraie sont les plus importants pour la conservation des bousiers, avec une richesse spécifique plus forte dans la pâture et une abondance plus important dans la hêtraie. Ces deux milieux partagent que quelques espèces de bousiers en commun. Dans les 2 milieux intermédiaires, on a une abondance et une richesse spécifique faible et une faible différence dans la composition spécifique de ces deux milieux, qui sont donc considérés comme similaires pour les espèces de bousiers.
Les auteurs suggèrent aussi que les bousiers sont très sensibles aux variations abiotiques plus que biotiques.
Cette étude a démontré que la conservation de la hêtraie et de la pelouse était très importante pour le maintien de la diversité des bousiers, ces deux habitats ayant des compositions spécifiques différentes.
Ils concluent donc que la reforestation naturelle dans les Alpes pourrait être néfaste pour la diversité des bousiers.
Cet article nous montre que le déclin des activités pastorales traditionnelles dans les chaînes montagneuses aurait un fort effet négatif sur la diversité des bousiers. En effet, les bousiers sont des contributeurs majeurs des services écosystèmes des pelouses alpines de part leur mode d'alimentation et leur comportement de nidification. Ils soulignent donc l'importance du pastoralisme pour la conservation des pelouses alpines, qui sont des milieux clés de la diversité des bousiers.
Il montre donc un effet bénéfique du pastoralisme sur la biodiversité, notamment ici, la diversité d'une espèce clé.
Ayant identifié la plupart des espèces du groupes des bousiers, les auteurs suggèrent un bon effort d'échantillonnage, assurant que la richesse spécifique observée dans cette étude représente bien la richesse spécifique du milieu.