Titre de l'article :

Le pâturage annuel par les chevaux soutient les communautés de plantes vasculaires, d'orchidées et d'oiseaux rares dans les prairies sèches calcaires


Figure :

Nombre moyen d'espèces de plantes vasculaires estimés lors des relevés dans les points pâturés (25m²) (Köhler et al., 2016).
Les changements significatifs des différents groupes écologiques durant les 6 ans (résultants de l'ANOVA) sont représentés par les astérisques : p<0.05, **p<0.01 et **p<0.001.
Herbacées cibles : df = 2.89; F = 7.78; p = 0.001;
Graminées cibles : df = 3; F = 1.07; p = 0.382;
Autres graminées des prairies sèches : df = 2.67; F = 7.7; p = 0.002;
Espèces de prairies mésiques (humidité moyenne) : df = 3; F = 6.61; p = 0.003;
Espèces rudérales : df = 2.5; F = 1.01; p = 0.401;
Espèces ligneuses : df = 1.74; F = 0.66; p = 0.515.
Les barres d'erreur indiquent l'erreur standard.

Traduction :
Target forbs: Herbacées cibles
Target grasses: Graminées cibles
Other dry grassland species: Autres graminées des prairies sèches
Mesic grassland species: Espèces de prairies mésiques
Ruderals: Espèces rudérales
Woody plants: Espèces ligneuses

Introduction à l'article :

Le déclin du pastoralisme et le manque de pâturage entrainent une fermeture des prairies calcaires à cause du sous-pâturage. Le pâturage extensif ou ranching sur toute l'année est de plus en plus utilisé dans ces milieux car il permet de les maintenir ouvert, ces derniers abritant des espèces souvent spécialistes.
Le pâturage par des grands mammifères représente un avantage de par son faible coût et son efficacité supérieures au petit bétail dans ces milieux.
Les chevaux, malgré de nombreux avantages, représentent des risques pour les prairies comme le piétinement des plantes rares, une utilisation inégale des parcelles avec des zones sur- ou non-pâturées et le dérangement des espèces d'oiseaux nichant au sol.
Le but de l'étude est d'améliorer les connaissances sur le pâturage extensif et voir l'impact du pâturage toute l'année des chevaux sur les prairies sèches calcaires, ces prairies étant des points chauds de biodiversité, notamment en ce qui concerne les plantes vasculaires.

Expériences de l'article :

L'étude s'est faite dans la réserve naturelle Tote Täler südwestlich Freyburg (Natura 2000) en Allemagne (2009-2014). En 2009, le site accueillait 10 espèces d'orchidées, 50 espèces d'oiseaux (certaines spécialistes du milieu) et un troupeau de 20 chevaux Konik (+11 poulains/an).
-Végétation : Quadras 5x5m pour estimer la composition en espèces de végétaux vasculaires, structure végétale... → ANOVA et test de Green-House Geisser sur les paramètres
-Habitat : Utilisation spatiale et comportement des chevaux (GPS) → enregistre la position et l'activité → Analyse discriminante pour classer les activités et ANOVA pour les différences d'utilisation dans l'espace et chaque année
-Orchidées : Fréquence de présence des chevaux sur les points à orchidées → Test U de Mann-Whitney entre chevaux présents et chevaux absents et régression linéaire entre présence des chevaux et distribution des orchidées
-Oiseaux : Points d'écoute et d'observation 50x50m → Test U de Mann-Whitney entre chevaux présents et chevaux absents

Résultats de l'article :

-Végétation : le nombre d'espèce moyen (cibles ou non) a augmenté significativement en lien avec le pâturage, l'abondance des herbacées a significativement augmenté tandis que celle des graminées cibles diminué. Ces augmentations sont permises par la diminution de la litière au sol, qui permet un meilleur accès à la lumière.
-Habitat : Le pourcentage d'arbustes a diminué sur les points étudiés et la surface de sol nu a augmentée.
-Orchidées : Augmentation de la population de Ophrys apifera (espèce cible) permise par la diminution de la litière, une augmentation de la luminosité ...
-Oiseaux : Pour les 7 espèces ciblées, la réponse au pâturage diffère selon le groupe écologique : les espèces préférant les milieux ouverts et semi-ouverts pour la recherche de nourriture et la nidification sont présentes là où les chevaux pâturent beaucoup.
La composition et la structure végétale des prairies calcaires sèches peut être maintenue et même améliorée par le pâturage toute l'année de gros herbivores.

Rigueur de l'article :
  • Pas toutes les données ont été récoltées tous les ans
  • Quadras de végétation aléatoires → ils peuvent avoir râté des zones sur-pâturées ou au contraire sous-pâturé
Ce que cet article apporte au débat :

Cette étude nous montre que l'utilisation de gros herbivores est une méthode de gestion adaptée pour réduire l'envahissement des prairies calcaires par des arbustes. Cela montre l'importance du pâturage extensif (un nombre réduit d'animaux) ou ranching et permanent pour préserver certains milieux ouverts (dont les prairies calcaires) et limiter l'envahissement de végétaux arbustif.
Il faut donc adapter le nombre d'animaux (en UGB : unité gros bétail, mesure conventionnelle utilisé en agriculture) aux conditions du site pour les projets de pâturage sur toute l'année.

Remarques sur l'article :

Contrairement aux études faites jusqu'à aujourd'hui, en diminuant la quantité de chevaux en pâture et en faisant pâturer toute l'année, les auteurs ont montré un effet positif du pâturage des gros herbivores pour les prairies sèches calcaires (Ce qui n'était pas observé dans les autres études, ayant un nombre plus important ou sur des périodes déterminées). De plus, les mesures préconisées par l'UE conseillait un pâturage seulement hivernal et avec un plus grand nombre d'animaux, ce qui peut avoir des effets négatifs sur le milieu.

Publiée il y a plus de 5 ans par A. Prud'homme.
Dernière modification il y a plus de 5 ans.