Une gestion agricole intensive et peu diversifiée en espèce de bétail peut avoir des conséquences négatives sur la biodiversité (animale ou végétale) et sur la structure des terrains agricoles exploités, à la fois pour divers groupes d'arthropodes et espèces de grande importance pour la conservation de la nature, tels que les oiseaux nichant au sol qui dépendent d’arthropodes pour se nourrir durant la saison des amours. Ici, les auteurs s'intéressent à la biodiversité des araignées en fonction de l'hétérogénéité structurelle et à l'abondance des proies dans la végétation sub-montagnarde modifiée par le pâturage de conservation. Les araignées sont un groupe d'arthropode chasseur et certaines espèces sont capable de tisser des toiles. Une gestion agricole plus raisonnée et mixte du bétail de pâturage favoriserait la taille des plantes et sa variabilité, ainsi que le nombre de micro-habitats et l'abondance des proies présentes dans le régime alimentaire des araignées.

Les expériences menées se passent en Ecosse, dans les parcs nationaux du Loch Lomond et des Trossachs. Les chercheurs ont mesuré la taille globale de la végétations, l'abondance des proies présentes dans le régime alimentaire des araignées et la richesse en espèce d'araignées entre 2002 et 2004 dans différents pâturage soumis à différentes conditions :
-Condition I : densité commerciale de pâturage, neuf moutons par parcelle
-Condition II : moutons à densité réduite, trois moutons par parcelle
-Condition III : densité réduite en pâturage mixte, deux moutons par parcelle, ainsi que deux vaches
-Condition IV : pas de pâturage (faisant office de contrôle négatif)

Concernant la taille globale de la végétation dans les différents pâturages entre 2002 et 2004, les résultats montrent que la végétation est globalement plus grande dans les pâturages mixte à faible densité (condition III) et sans pâturage(condition IV) comparée aux parcelles avec 9 ou 3 moutons (Conditions I et II ; résultats significativement différents). Concernant l'abondance des proies présentes dans le régime alimentaire des araignées, les résultats montrent que l'abondance des auchenorrhyncha (sous-ordre d'insectes hémiptères) et plus importante pour la condition III et IV comparée aux conditions I et II. En revanche pour l'abondance des diptères, les résultats ne sont pas significativement différents quelles que soient les conditions. En ce qui concerne la richesse en espèce et l'abondance des araignée, les résultats montrent qu'entre 2002 et 2004 ces deux valeurs tendent à croître de façon plus importante pour les conditions III et IV comparées aux conditions I et II.

Positif : les auteurs se sont intéressés à une grande variété de plantes et d'arthropodes pour cette étude, ce qui est favorable quant à l'étude et la représentation d'une biodiversité. En effet, une seule espèce (de plante ou d'arthropode) n'aurait pas été représentative d'une biodiversité.
Négatif : les auteurs ont utilisé une seule méthode d’échantillonnage qui est une méthode par aspiration. Ce qui peut créer des biais dans les types d’espèces détectées. L’échantillonnage par aspiration n'est pas une méthode d' échantillonnage efficace pour les araignées, car certaines araignées vivent dans le sol, or ici, on se limite aux araignées vivant hors-sol.

Cet article montre de par ces résultats, qu'une gestion agricole plus raisonnée et mixte, c'est-à-dire moins d'individus, mais plus de variétés, joue un rôle favorable sur la biodiversité de certaines espèces (ici les araignées, leurs proies ainsi que la biomasse de certaines plantes). Des études précédentes ont montré qu'une gestion agricole intensive (plus d'individus et moins de variété, voir une seule) est défavorable au développement de la biodiversité dans certains pâturages.