Titre de l'article :

Pastoralisme, conservation de la flore et conflits dans la prolifération de la renouée Polygonum polystachyum dans les aires protégées de hautes altitudes de l'Ouest de l'Himalaya


Introduction à l'article :

Le choix d'un mode de gestion contre la prolifération des espèces natives Polygonum polystachyum, Impatiens sulcata et Osmunda clatoniana fait débat dans le Flowers National Park (en Inde).
Suite à l'interdiction du pâturage dans ce parc, certains affirment que le pastoralisme joue un rôle dans la limitation de la prolifération de ces espèces invasives et dans le maintien des pelouses alpines. Les décideurs politiques, eux, soutiennent que le pastoralisme est responsable de la perte de ressources naturelles et que les herbivores sauvages suffiraient pour limiter l'invasion et maintenir les écosystèmes alpins. D'autres suggèrent de déraciner les plantes invasives mais cela pourrait engendrer une érosion du sol.
Les auteurs cherchent à déterminer le mode d'invasion de ces 3 espèces (sont-elles limitées par le type d'habitat ou l'altitude ?), leur impact sur ces écosystèmes, quel mode de gestion est le plus approprié pour limiter leur prolifération et si il est nécessaire de les éradiquer.

Expériences de l'article :

L'étude s'est déroulée dans la partie ouest de l'Himalaya, dans le Flowers National Park, dans les étages alpins et subalpins (3150-6590m d'altitude). Suite à un arrêté national, le pastoralisme n'est plus pratiqué sur le site d'étude.
Ils ont partitionné le Parc selon le type d'habitat et l'altitude : dans chaque habitat et tout les 100m d'altitude, ils ont mesuré la diversité, la densité et l'abondance des plantes herbacées dans 25 quadras de 0.25m² (en tout : 1250 quadras).
Pour chaque type d'habitat et tous les 100m d'altitude, ils ont estimé la diversité des espèces de plantes grâce à l'indice de diversité de Shanon-Wiener et des tests t de comparaison. Ils ont aussi mesuré la densité des 3 espèces invasives pour chaque habitat et selon le gradient altitudinal.

Résultats de l'article :

Les herbacées se répartissent selon deux tendances :

  • En fonction de l'altitude : La richesse spécifique la plus forte est trouvée à 3100m puis à 3500-3700m. La densité de P.polystachyum et I.sulcata est la plus forte à 3500m.
  • En fonction du type d'habitat : La richesse spécifiques est plus faible dans les habitats gérés et rocheux. Elle est plus forte dans les clairières forestières, où les troupeaux pâturaient. La densité de P.polystachyum et I.sulcata est plus forte dans les habitats perturbés. Dans les zones où ils ont arraché P.polystachyum, I.sulcata l'a remplacé. La faible densité de _O.clatoniana montre que cette espèce n'est pas colonisatrice.

La prévalence des espèces invasives dans les milieux perturbés suggère qu'une succession écologique est en cours. P.polystachyum assimile mieux les nutriments et retient l'eau au niveau de ses racines, limitant l'érosion. Cette succession suit l'arrêt du pâturage, suggérant que le pâturage a perturbé l'évolution de l'écosystème.

Ce que cet article apporte au débat :

Dans cet article, ils étudient la richesse spécifique des herbacées et l'abondance d'espèces végétales natives colonisatrice suite à l'arrêt du pâturage. Ils concluent sur le fait que les espèces "invasives" sont, pour ce site, des espèces de succession. Cela suggère que suite à l'arrêt de la "perturbation" qu'est le pâturage, la succession écologique qui avait été stoppée a repris son cours. Cependant dans cet article, ils ne concluent pas sur la richesse spécifique qui pourrait être perdue lors de cette "invasion". En effet, on ne sait pas si les zones qui se referment actuellement contiennent des espèces d'intérêt qui risquerait de disparaître lors de la reforestation naturelle.

Ils ont cependant montré que la richesse spécifique des herbacées était plus forte dans les zones anciennement pâturées.

Publiée il y a plus de 5 ans par A. Prud'homme.
Dernière modification il y a plus de 5 ans.