Titre de l'article :

Lecture de paysage pastoral : Preuves palynologiques et historiques de l'impact du pâturage sur le long terme sur la colline Wether Hill, à Ingram (Northumberland, Royaume-Uni)


Figure :

Figure 1 : Données de pollen de Wether Hill (Davies & Dixon, 2007)
Estimation des périodes de transitions entre les différents assemblages polliniques. Le pollen le plus vieux est à la base et progresse vers le pollen le plus récent au sommet du diagramme.

Turf = Pelouse
Black Peat = Tourbe noire
Brown Peat = Tourbe brune
Clay = Argile

Stratigraphy = succession des couches sédimentaires
Charcoal = Charbon
Organic content = Quantité de matières organique

Introduction à l'article :

Le pastoralisme est la forme la plus extensive du pâturage mais, sur le long terme, il peut causer des changements structuraux dans le paysage. Le maintien des milieux ouverts par le pastoralisme par exemple, permet la bonne préservation des preuves archéologiques. L'analyse du pollen peut fournir une source additionnelle de preuve pour comprendre les changements dans les modes de pâturage.
Les dépôts sédimentaires contenues dans un fossé datant de l'âge de fer fournit des indices sur le changement des communautés florales des pâtures de Wether Hill.
Dans cette étude, les auteurs combine une approche palynologique (basée sur le pollen), historique (archives) et archéologique afin de rassembler des preuves de l'impact du pastoralisme sur la composition des plantes et la diversité sur le piémont Cheviot (Parc National de Northumberland).

Expériences de l'article :

Les données archéologiques ont permis d'estimer que les hautes terres de la colline de Wether Hill ont été exploités pendant à peu près 8000 ans. Les vestiges de sillons de cultures indiquent que l'agropastoralisme fut pratiqué pendant la période médiéval.
Une digue délimitant la colline fortifiée a permis de relever les changements de végétation associés à l'utilisation des sols. En effet, l'humidité dans ce fossé a permis l'accumulation de 50cm de dépôt riche en minéraux, utilisés pour l'analyse pollinique. La base des sédiments est datée d'environ 430 ans après J-C.
Les 1600 ans de donnés polliniques ont été divisées en zone reflétant les périodes de composition végétale similaire (3 zones délimitées en profondeur : WH1, WH2 et WH3, voir figure 1). Ils ont ensuite analysé ces données par un indice statistique de richesse palynologique, qui est un proxy des changements de diversité et d'hétérogénéité des communautés végétales au court du temps.

Résultats de l'article :

Ils ont identifié 3 strates polliniques :

  • WH1 : En 430 ap. J-C, la colline est dominée par des herbacées, dont la plupart sont favorisées par les perturbations comme le pâturage. Cela suggère que les fermiers utilisaient des prairies riches en espèces comme ressource pastorale.
  • WH2 (XIIe s): Suite à des changements de pratiques agricoles, la Bruyère C.vulgaris a commencé à envahir les prairies du fait d'une pression de pâturage trop faible du pâturage (occupation principalement estivale), ne permettant pas de limiter les espèces de succession. Ce régime ne semble pas avoir impacté la richesse spécifique, il y a eu un remplacement d'espèces herbacées par des espèces ligneuses. Le système transhumant a peu à peu changé en un système agropastorale.
  • WH3 : Les prairies riches en espèces ont continué de s'appauvrir, et au XIXe s, la présence d'espèces rudérales, indigestes ou favorisées par les troupeaux suggèrent une intensification du pâturage, accompagnée par une faible richesse spécifique.
Rigueur de l'article :

L'accumulation faible des sédiments peut avoir faussé la résolution temporelle et donc l'interprétation des changements de richesse spécifique en dissociant les données polliniques des données archéologiques et historiques.

Ce que cet article apporte au débat :

Dans cet article, les auteurs montrent que les changements dans la gestion des terres impactent les paysages mais aussi entrainent des variations dans la richesse spécifique et la composition des communautés végétales. Leurs résultats montrent notamment un déclin de biodiversité dans les 200 dernières années, du fait d'une gestion intensive. Cet article s'accorde donc avec avec les précédents stipulant qu'une intensité de pâturage faible, le pastoralisme transhumant ou encore l'agropastoralisme sont d'avantage bénéfiques à la biodiversité qu'un pâturage intensif sur le long terme (pour les insectes [1]).
Cet article nous apporte aussi une nouvelle méthode afin de connaître l'impact des changements de méthodes de gestion pastoraux. En effet, ici, allier données polliniques, archéologiques et archives historiques a permis de mieux interpréter les changements et leurs impacts sur la biodiversité.

Publiée il y a plus de 5 ans par A. Prud'homme.
Dernière modification il y a plus de 4 ans.