L’ocytocine contribue au lien amoureux chez l’homme
Il faut d’abord rappeler que la monogamie sexuelle est un comportement très minoritaire chez les mammifères (où seulement 3 à 5 % des espèces la pratiquent) et qu’elle est potentiellement coûteuse pour les mâles d’un point de vue évolutif. Or les mâles humains, tout comme les mâles campagnols des prairies, un petit rongeur très utilisé pour étudier les bases moléculaires de l’attachement, sont souvent monogames durant plusieurs années.
On savait déjà, grâce justement aux expériences faites sur le campagnol des prairies et sur son cousin des montages qui change beaucoup plus souvent de partenaire, que l’ocytocine relâchée dans le cerveau lors de l’accouplement contribue de façon importante au lien qui va par la suite unir les deux partenaires. Ce que Dirk Scheele et ses collègues viennent de démontrer, grâce à deux protocoles d’imagerie cérébrale par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf), c’est que l’ocytocine semble produire les mêmes effets chez l’homme.
Les deux protocoles en questions, l’un original dans son design et l’autre répliquant une expérience déjà publiée (ce qui est tout de même fort important en science), ont été réalisés avec la participation de 20 sujets mâles hétérosexuels dans la vingtaine étant en couple depuis environ 3 ans. Dans les deux cas, certains sujets recevaient une vaporisation nasale d’ocytocine avec une dose reconnue pour avoir des effets physiologiques dans le cerveau, et d’autres un placebo. La différence des deux protocoles se situait au niveau des images présentées aux hommes étendus dans le scanner : des images de sa partenaire, de femmes inconnues, et d’objets familiers dans le cas du protocole original, et des images de sa partenaire versus des images d’autres femmes toutefois bien connue par le sujet, dans le cas du protocole répliqué.
Les résultats dans les deux volets de l’expérience confirment l’hypothèse que l’ocytocine contribue au lien d’attachement romantique de l’homme pour sa partenaire en augmentant l’attractivité que celui-ci ressent pour son visage comparé à celui des autres femmes. Un effet qui, comme chez le campagnol, s’accompagne d’une activation plus élevée du circuit de la récompense utilisant le neurotransmetteur dopamine.
D’autres régions cérébrales montrent également une activation différentielle, dont l’interprétation demeure ouverte.
Les auteurs concluent néanmoins que leurs résultats s’accordent bien avec des études antérieures qui tendent toutes à montrer que l’ocytocine induit chez l’homme un biais de perception favorable à sa partenaire au détriment des autres femmes. Un phénomène considéré comme adaptatif pour le maintien d’un couple stable durant plusieurs années, stabilité souhaitable considérant la longue période de vulnérabilité du jeune humain.