Titre de l'article :

-Comportements de consolation dépendants de l'Oxytocine chez les rongeurs-


Introduction à l'article :

La consolation envers des individus “affligés” est très commune chez les Hommes, les canidés, les corvidés, les éléphants et les grands singes. Elle est définie comme une augmentation du contact avec les affiliés en réponse à des individus en péril (pour les humains le stress peut venir d'autres sources que celles abiotiques). Or, la possibilité d’observer cette capacité est limitée en condition expérimentale. Dans cette étude, il s’agit de mettre en évidence des preuves d’un possible** comportement empathique** chez le campagnol des prairies (Microtus ochrogaster). Cette espèce hautement sociale et monogame serait capable d’augmenter les comportements de soins envers ces conspécifiques via l'imprégnation et la mémoire tampon (social buffering). Les mécanismes physiologiques décrits pourraient être preuve de processus conservés entre les campagnoles et les humains (apparition de cette capacité au cours de la seconde partie de la vie).

Expériences de l'article :

Les hypothèses effectuées sont : (1)-La consolation serait ici contrôlée par des mécanismes d’empathie.
(2)- Ce comportement serait médié par des mécanismes neurobiologiques et neurochimiques assez cohérents avec ceux observés chez les humains. Pour ce faire, des mâles et des femelles campagnoles des prairies non stressés (témoins ou « observateurs ») sont isolés. Ceux-ci répondront spontanément et sélectivement à leurs conspécifiques stressés (les « démonstrateurs ») selon un comportement prosocial (« test de consolation »). Les observateurs et les démonstrateurs sont séparés l’un de l’autre. Le démonstrateur est placé seul dans une cage ou alors confronté à une série de chocs lumineux pendant une période de 24 minutes au total (conditionnement de Pavlov). Ensuite le démonstrateur est réuni avec l’observateur, puis la réponse naturelle suite à cette réunion est enregistrée en conséquence. La contagion émotionnelle,les mécanismes neurologiques à l'origine du comportement, entre autres sont testés.

Résultats de l'article :

Le « léchage » et le toilettage (grooming ou allogrooming) sont significativement plus long en durée et plus court en latence, après séparation et stresse du démonstrateur. Les observateurs n'augmentent pas leur taux de toilettage envers les démonstateurs après une séparation contrôle. Mise en évidence du caractère sélectif de la réponse. De précédentes méta-analyses montrent que les observateurs initient le toilettage pendant la première minute de réunion puis pendant au moins 10 minutes (en continu). Sans surprise, les démonstrateurs confrontés à la situation stressante ont une anxiété croissante.
Les observateurs séparés des individus stressés ont un taux significativement plus élevé de corticostérone plasmatique, corrélé au taux des démonstrateurs. Les observateurs en contact avec les démonstrateurs ne montrent pas d’augmentation, ce qui suggère que la consolation améliore la réponse au stress physiologique des observateurs. Ces réponses semblent biaisées vers les individus familiers.

Rigueur de l'article :

Nous ne disposons de quelques-conques informations au niveau du matériels & méthodes concernant l'âge des individus choisis. Il aurait pu être intéressant de réaliser des catégories d'âges pour ces campagnols, afin de pouvoir éventuellement mettre en exergue un pattern d'apparition de ces mécanismes de consolation au cours du développement des individus... (et ainsi apporter une nuance dans l'interprétation).
Soulignons qu'il est pertinent d'avoir testé si il y avait ou non une différence significative entre les comportements mâles et femelles.

Ce que cet article apporte au débat :

-Les traits sociaux de cette espèce ici Microtus coévoluent de façon fréquente avec des comportements coopératifs ou altruistes qui peuvent augmenter la fitness directe ou indirecte (en incluant aussi le social-buffering au sein des membres des ces colonies).
-Si ces comportements sont observés en dehors d’espèces à cognition accrue ceci pourrait suggérer que ces capacités cognitives sont variables et exprimées différemment selon le contexte spécifique d’évolution des espèces.
-Ces observations soutiendraient le fait que ces comportements nécessitent des capacités de cognition relativement développées.
-Ces campagnols semblent montrer des réponses en accord avec ce que l’on pourrait appeler une contagion émotionnelle par mimétisme de démonstration de stresse et de peur.

  • Spécificité de réponse : le fait que le campagnol puisse détecter l’état de stresse de ces conspécifiques en déduisant une réponse prosociale dirigée, ouvre les questionnements sur les mécanismes à l’origine de l’empathie.
Remarques sur l'article :

Les expériences réalisées restent tout de même un peu "artificielles" dans le sens où elles ne respectent pas forcément le mode de vie social et grégaire de cette espèce de campagnol (biais?).
Des comparatifs avec les humains sont souvent réalisés, or ceux-ci sont-ils les bienvenus ? Peut-on comparer ces mécanismes chez les campagnols et le humains (sont-ils analogues ?).

Publiée il y a plus de 5 ans par Olii.
Dernière modification il y a plus de 5 ans.