Empathie et comportement Pro-social chez les rats
Les comportements pro-sociaux chez les humains sont souvent motivés par l’empathie pour autrui (un des moteurs). Cependant, la situation n’est pas encore clarifiée du côté des mammifères non-humains. Les comportements pro-sociaux réfèrent à des actions apportant un bénéfice à d’autres individus. Cette étude se base sur l’observation de la contagion émotionnelle chez les rongeurs, tout en essayant de rechercher dans quelle mesure les rats sont capables de faire preuve de comportements d’aide aux congénères, motivés par l’empathie.
Concrètement, il est donc testé la capacité des rats à libérer des congénères reclus au sein d’une cage.
Les rats ont été gardés captifs pendant deux semaines par paires, avant de commencer les tests.
-Première expérience : un rat est placé dans une arène dans laquelle un congénère est reclus. Un apprentissage à l'ouverture de la cage est mis en place ( si échec de l'ouverture par le rat, l'expérimentateur ouvre à moitié la cage). Ils apprennent à libérer leur congénère au bout de 6.9 jours. Les sessions ont été répétées pendant 12 jours d’affilé. Des contrôles ont été réalisés avec des cages vide, et des rats libres avec une cage vide, une autre avec un "faux-rat" et enfin un rat libre situé de l'autre côté d'une division.
Une seconde expérience complémentaire a été mené afin d'évaluer la "valeur relative" de libérer un congénère. Des rats ont donc été testés face à une situation en présence de chocolat. Un traitement dans lequel le rat est confronté à un congénère reclus et une cage contenant du chocolat (situation contrôle cage vide VS cage avec chocolat).
Dans le cas de rats détenus, la proportion de rats ouvrant la cage augmente, tandis que le temps de latence à l'ouvrir diminue (preuve d'apprentissage). Les rats semblent de moins en moins surpris par l’ouverture (action délibérée). Les cris d’alarme sont un indice de l’état physiologique de stress des rats détenus. Les femelles seraient plus empathiques que les mâles (P < 0.05, c-square), au vue de la fréquence d'ouverture de la trappe plus élevée (moins de temps de latence et un comportement plus actif). Le succès d’ouverture est en accord avec les scores d’audace des individus. L’attente d’un contact social ne semble pas être le paramètre moteur d'un comportement pro-social (pas de contact avec le détenu après ouverture de la cage). De plus, ce comportement intervient sans aucune session d’entraînement, ni récompenses et conditionnement. Ces comportements d’aide aux congénères, dans une perspective plus évolutive, peuvent s’avérer très essentiels à la survie général du groupe notamment.
-Le nombre de rats femelles et mâles n'est pas forcément équivalents dans les expériences. Imaginons que la proportion de femelles en présence soit plus importante ceci pourrait biaiser les comportements relevés. Les femelles étant identifiées comme globalement plus empathiques (il faudrait donc respecter un sexe ratio plus équilibré).
-Présence de réplicats avec de nombreux rats testés.
-Plusieurs conditions expérimentales testées et présence de témoins, ce qui est primordiale afin de pouvoir éliminer certaines interprétations comportementales non-adéquates, comme le fait que les rats veuillent agir afin de stopper les cris d'alarme de leurs conspécifiques.
-Par rapport à de précédentes études, celle-ci semble attester de l’accomplissement d’un comportement pro-social par l’action délibérée du rat. Bien que les rats ne soient pas connus comme étant des espèces sociales.
-Ancrage biologique du comportement empathique.
-Ces différences individuelles de traits, quant au degrés d'audace des rats, peuvent donc influer sur l’expression des comportements pro-sociaux.
-Observation d’un changement de comportement chez les rats ayant libérés les prisonniers (but déterministe de leur action). Ceux-ci restent à proximité des "ex-détenus", comme pour s'assurer de leur bon rétablissement.
-Il aurait pu être intéressant de pousser l'expérience plus loin, en testant avec des rats plus ou moins apparentés avec les détenus, et ainsi voir si ces comportements qualifiés comme empathiques, pouvaient être modulés par ce facteur-ci (propension à aider un individu plus apparenté, ou moins étranger ?).