L’ocytocine contribue à la stabilisation des liens sociaux et des comportements altruistes.
Nos interactions quotidiennes avec les autres nous placent constamment en situation où nous sommes amenés à donner un peu de temps ou de ressources à autrui. C’est la base de ce qu’on pourrait appeler le « ciment social » auquel une molécule comme l’ocytocine contribue significativement, comme le montre cette étude.
Lors d’une expérience visant à déterminer le niveau de confiance envers le sens de l’équité d’autrui, de l’argent était mis à la disposition des sujets afin qu’ils décident quelle somme ils voulaient confier à un administrateur fiduciaire. Ceux qui n’investissaient rien restaient avec leur capital initial; mais en confiant leur argent à son administrateur, il pouvait l’augmenter considérablement, ou tout perdre, si ce dernier décidait de tout garder pour lui.
Dans une variante de cette expérience, c’était un ordinateur, et non une personne réelle, qui demandait la confiance du joueur.
Près de la moitié des sujets qui avaient inhalé une dose d’ocytocine au début de l’expérience offrait la totalité de leur capital à l’administrateur fiduciaire, alors que du côté de ceux ayant inhalé un placebo, seule une personne sur cinq prenait un tel risque.
Les investisseurs ayant reçu de l’ocytocine ne faisaient pas davantage confiance à l’ordinateur que leurs collègues ayant reçu le placebo. Un résultat plutôt étonnant qui montre bien qu’on a ici véritablement affaire à un renforcement du lien de confiance avec un congénère, et non à une simple augmentation de la témérité, par exemple.
L'auteur propose que l’ocytocine puisse aussi favoriser la générosité en augmentant notre empathie pour autrui. Dans un contexte expérimental où chaque sujet devait se mettre à la fois à la place d’une personne qui donne et qui reçoit de l’argent, les résultats indiquent que le fait d’inhaler de l’ocytocine rend les gens plus généreux dans leurs dons.
Cette générosité était spécifique à la situation où le donneur était incité à se mettre à la place du receveur. L’effet comportemental de l’ocytocine se manifestait donc encore une fois ici que dans une situation d’empathie, quand un lien réel était établi avec un autre individu.
En réduisant l’anxiété et favorisant la confiance, l’ocytocine contribue donc à la stabilisation des liens sociaux et des comportements de type coopératif, altruiste, empathique ou même de sacrifice.
En fait, comme il s’agissait d’argent réel, on a calculé que ceux qui avaient reçu de l’ocytocine repartaient du laboratoire avec 5% de moins d’argent que ceux qui avaient reçu un placebo.