Titre de l'article :

Une étude menée sur 6 ans de stimulation transcrânienne magnétique répétée en Australie


Introduction à l'article :

"La Stimulation Magnétique Transcrânienne [TMS] consiste à appliquer une impulsion magnétique sur le cortex cérébral à travers le crâne de façon indolore au moyen d'une bobine. Conformément à la loi de Lenz-Faraday, la variation rapide du flux magnétique induit un champ électrique qui modifie l'activité des neurones situés dans le champ magnétique. [...] La [TMS] dite « répétitive » (rTMS) consiste à émettre une série d'impulsions pendant un intervalle de temps donné de façon à modifier durablement l'activité de la région visée. " Wikipédia)
Avec la TMS, on peut donc activer ou inhiber une zone donnée du cerveau en appliquant un champ magnétique vers une zone spécifique du cerveau sans rien introduire dans le corps de la personne.
Les auteurs ont voulu voir si la TMS pouvait être facilement acceptée par un nombre conséquent de psychiatres et de patients et qu'elle ne présentait aucun risque de santé.

Expériences de l'article :

214 patients avec une dépression majeure résistante à tout traitement ont été suivis pendant 6 ans (2009-2014), après avoir subi des stimulations magnétiques transcrâniennes répétées de 18 à 20 fois sur une durée de 4 à 6 semaines. La stimulation était, selon les cas, soit dans les deux hémisphères du cerveau, soit uniquement dans l'hémisphère droit, dans une zone qu'on nomme le DLPFC (cortex préfrontal dorso-latéral) connue pour son implication dans la dépression. Une stimulation du DLPFC gauche et une inhibition du DLPFC droit sont réputées aider à atténuer les symptômes liés à la dépression. Pour stimuler le DLPFC, les chercheurs envoient une stimulation à haute fréquence (10Hz) pendant 15 minutes alors que pour inhiber le DLPFC droit ils envoient une stimulation à basse fréquence (1Hz) pendant 15 minutes.

Résultats de l'article :

Une partie des patients n'a pas suivi le traitement jusqu'au bout ou le traitement n'a pas eu des effets, mais environ 40% des patients ont montré des signes d'amélioration à la suite de ce traitement (soit leur dépression est passée, soit il était possible de leur donner des médicaments anti-dépresseurs classiques auxquels ils étaient résistants avant le traitement avec la stimulation magnétique transcrânienne).

Rigueur de l'article :

Comme les auteurs le reconnaissent eux-mêmes, il n'y a pas de groupe placebo de contrôle. Il est donc difficile de savoir quelle est la part de rémission due au traitement et quelle est la part due à un effet placebo ou tout simplement à l'effet du temps. Les auteurs affirment cependant que ces résultats (environ 40% de rémission) sont cohérents avec d'autres études qui, elles, ont utilisé des groupes contrôle.
Les auteurs précisent aussi que, dans le cas des personnes qui prenaient des médicaments, leur traitement par médicaments n'a pas été stoppé durant l'étude. Les résultats peuvent donc aussi être liés, au moins en partie, à un effet des médicaments en parallèle ou indépendamment de l'étude.

Ce que cet article apporte au débat :

Cet article montre que, grâce à la stimulation magnétique transcrânienne, on peut influencer certaines aires du cerveau durablement au point que l'on peut aider certains patients (40%) à sortir de la dépression. Cette technique permet d'avoir une influence durable sur l'activité du cerveau et ce, sans aucune intrusion au sein du corps du sujet!
Le fait que ceci ne marche pas dans 100% des cas nous montre cependant que, même dans un cas comme celui-là, d'autres paramètres semblent rentrer en jeu soit parce que l'aire visée n'est pas la seule impliquée dans la dépression, soit parce que la volonté de "guérison" du sujet est aussi à prendre en compte, soit qu'on ne comprend pas encore tous les paramètres impliqués dans cette situation.

Publiée il y a plus de 8 ans par N. Clairis.
Dernière modification il y a presque 8 ans.