Services de pollinisation au Royaume-Uni : Quelle est l'importance des abeilles domestiques ?
En partant du principe que 70% de la pollinisation des cultures britanniques étaient assurés par les abeilles domestiques en 1984, et qu’en 2007 ce chiffre tombait à 34% alors même que les rendements augmentaient de 54% la même année, les auteurs remettent en cause le rôle majeur d’Apis mellifera dans l’agriculture.
En effet, aucune étude n’a jamais validée cette idée en Angleterre. Pourtant, avec la disparition des colonies d’abeilles mellifères ces 30 dernières années, connaître la réelle importance de cette espèce dans la pollinisation des cultures britanniques est devenu indispensable pour mettre en place des mesures adaptées de gestion et conservation des pollinisateurs.
Tout d’abord, sur la base de l’étude de 19 champs, le degré de dépendance des cultures anglaises au service écosystémique de pollinisation a été quantifié. Ensuite, la capacité des abeilles domestiques à satisfaire cette demande a été calculée mathématiquement à l’aide d’une équation intégrant plusieurs facteurs (année, phénologie, type de culture, déplacement de la ruche). Enfin, la densité moyenne, minimum et maximum de ruches recommandée par hectare a été établie.
Les auteurs rapportent que près de 21% des terres cultivées en Angleterre en 2007 dépendaient de la pollinisation entomophile, soit plus du double de 1984, bien que 830 000 hectares de surface de cultures aient été perdus sur la même période. Les cultures entomophiles représentaient la plus grande valeur marchande parmi tous les types de cultures, et c’est pourquoi étudier leur pollinisation était nécessaire.
En effet, la capacité de pollinisation de ces cultures par Apis mellifera a diminuée de 50% de 1984 à 2007, notamment à cause de l’augmentation des cultures entomophiles de 21% (plus forte demande). Même avec la densité maximum recommandée, les abeilles domestiques ne pourraient polliniser de façon optimale qu’un peu plus de 10% des cultures.
Cette perte de capacité est en contradiction avec l’augmentation des rendements, signifiant peut-être une forte contribution des insectes sauvages à la pollinisation.
En termes de méthodologie, seules les ruches d’apiculteurs membres d’une association nationale ont été recensées. Aussi, les colonies d’abeilles mellifères sauvages n’ont pas été prises en compte. Si elles l’avaient été, les capacités de pollinisation de ces abeilles pourraient être revues à la hausse. De plus, le nombre d’hectares à pollinisation entomophile peut avoir été surestimé en ne tenant compte que de la culture principale. Toutes ces incertitudes peuvent avoir sous-estimé l’importance d’Apis mellifera dans la pollinisation des cultures anglaises, et surestimé la perte de leur capacité pollinisatrice. Cependant, les postulats de bonne santé de toutes les colonies et de déplacement des ruches au long de l’année pour une pollinisation maximale des cultures peuvent avoir amené au biais inverse.
Même si le rôle des abeilles mellifères dans la pollinisation des cultures britanniques reste complexe à quantifier, il se peut qu’il ait été surestimé et que les abeilles sauvages jouent un rôle non négligeable dans cette pollinisation, mettant fin à l’idée d’une importance prépondérante d’Apis mellifera. Ainsi, d’après cet article, il faudrait donc mettre en place des mesures de gestion à la fois pour les pollinisateurs sauvages et pour les domestiques.
Cependant, les conclusions de cet article ne sont valables que pour le Royaume-Uni, et il n’apporte pas de réponse valable internationalement à notre controverse.
Cet article se focalise exclusivement sur le rôle de l’abeille domestique, et le rôle important des insectes sauvages dans la pollinisation n’est avancé qu’en hypothèse.