Titre de l'article :

Influence des éoliennes en mer sur les poissons démersaux


Introduction à l'article :

Dans un contexte où la construction d'éoliennes en mer se fait de plus en plus importante pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il est important de connaître les impacts qu'ont leur installation sur le milieu marin. Les éoliennes modifient de façon importante les habitats : elles font du bruit, de l'ombre, émettent des champs électromagnétiques et peuvent modifier la dynamique sédimentaire ou les courants. En dépit de ces perturbations, les constructions humaines attirent naturellement un grand nombre d'organismes car elles offrent support, protection et nourriture. En augmentant les surfaces colonisables par ces espèces de fond, les éoliennes font des bancs sableux des environnements plus complexes susceptibles d'augmenter localement la densité et la diversité de poissons marins du fond à la surface autour de la colonne de l'éolienne. Cet article propose d'étudier les effets de la présence d'éoliennes sur les poissons démersaux des côtes Suédoises de la Mer Baltique.

Expériences de l'article :

L'étude s'est focalisée sur 8 centrales éoliennes de Utgrunden et Yttre Stengrund, ainsi que sur 6 sites témoins à moins d'un kilomètre de ces dernières. L'abondance des poissons sur le fond et a été mesurée par des plongeurs parcourant des transects situés tout autour de l'éolienne et sur cette dernière. Dans les sites témoins, les plongeurs ont dénombré les poissons sur le fond et dans la colonne d'eau. En même temps, la nature du fond a été étudiée (organismes encroûtants, sables, galets...). La diversité spécifique et la densité de poissons à différentes distances de l'éolienne, entre éoliennes et avec le témoin ont été comparées avec plusieurs tests statistiques

Résultats de l'article :

Un total de 351000 poissons de 12 espèces ont été dénombrés, dont 99.7% étaient des gobies juvéniles (Gobiusculus flavescens ou Pomatoschistus minutus). La densité totale (nombre de poissons/10 m3) était significativement supérieure sur l'éolienne qu'à proximité, et elle diminuait en s'éloignant de celle-ci. La diversité spécifique y est moindre. Le très grand nombre de gobies a fortement pesé sur le résultat de l'analyse, mais les en exclure a montré la même tendance.
Les poissons étaient moins nombreux dans les zones témoin (et aucun poisson n'y a été trouvé à plus d'un mètre du fond), ce qui soutient l'hypothèse selon laquelle les éoliennes constituent un lieu favorable à l'installation des poissons démersaux et en particulier de leurs larves. Les poissons trouvent refuge au niveau de reliefs et cavités du pilonne. L'éolienne permet à ces poissons planctonophages de trouver un abri exposé à des courants plus forts riche en nourriture et les coquilles vides des moules servent à la ponte.

Rigueur de l'article :

Cet article présente avec une extrême précision le protocole, les conditions expérimentales et les choix effectués par les auteurs. L'analyse statistique est poussée bien que complexe, mais rend rigoureuse cette étude. De plus, les auteurs de cette étude réalisent leur propre échantillonnage témoin avec les même méthodes de dénombrement, ce qui manquait dans le dénombrement du tacaud en mer de Nord (Aggregation and feeding behaviour of pouting (Trisopterus luscus) at wind turbines in the Belgian part of the North Sea).

Ce que cet article apporte au débat :

Cet article montre que l'installation d'éoliennes peut être favorable à l'installation de nombreux poissons de fond. Les éoliennes étudiées ont augmenté localement la densité de poissons en leur offrant un habitat différent des fonds sableux. Elle suggère de s'intéresser à la complexité des structures au moment de leur construction. Elles concentrent localement des poissons qui sont des proies d'espèces d'importance économique comme la morue (Gadus morhua), le lieu noir (Pollachius virens) et le maquereau (Scomber scombrus). Ainsi, en limitant la pêche autour de ces zones riches, elles pourraient jouer le rôle d'aire marines protégées (MPA).

Remarques sur l'article :

Cette étude présente l'avantage de s'intéresser à une communauté entière de poissons et pas une espèce d'intérêt isolée. Elle a été financée en partie par la Swedish Energy Agency, ce qui a pu mener à des conflits d'intérêt et expliquer le positionnement de cet article dans le cadre de la controverse.

Publiée il y a presque 5 ans par M. Mouana.
Dernière modification il y a presque 5 ans.