Exagération du rôle des abeilles domestiques comme pollinisateurs : Un commentaire sur Aebi et Neumann
Ce commentaire est fait sur l’article d’Alexander Aebi et Peter Neumann (Endosymbionts and honey bee colony losses ?, 2011). Les auteurs critiquent la raison pour laquelle Aebi et Neumann ont cherché à comprendre les causes du syndrome d’effondrement des colonies d’Apis mellifera. En effet, la phrase selon laquelle les abeilles domestiques « sont des pollinisateurs essentiels du maintien de la biodiversité naturelle et de l’agriculture » est inexacte selon eux. Ils définissent ce postulat comme une croyance ancrée dans les consciences académiques et publiques.
Ollerton et al. tirent plusieurs conclusions aux travaux de Breeze et al. (2011) au Royaume-Uni : le service écosystémique de pollinisation serait porté par les abeilles sauvages et les syrphes.
Ils citent également des rapports nord-américains stipulant que l’effondrement des colonies d’Apis mellifera n’affecte pas les rendements de cultures, et qu’il continue même à augmenter.
Aussi, leurs observations personnelles les amènent à dire qu’au-delà des études en cultures, les abeilles mellifères ne représentent que 3% de l’abondance des pollinisateurs en milieu naturel britannique et seulement 2% des visiteurs floraux en milieu naturel irlandais.
En plus de cette faible abondance, ils avancent l’argument que ces abeilles importées et gérées seraient moins efficaces pour transférer le pollen entre fleurs, mais aussi qu’elles seraient défavorables aux communautés pollinisateurs sauvages (compétition, pollinisation des plantes invasives, transmission de pathogènes, etc.).
Pour appuyer leur commentaire, les auteurs citent des études anglaises et nord-américaines.
Le reste du commentaire se base sur des observations personnelles faites par certains auteurs du commentaire.
Ce commentaire rassemble les plus grands chercheurs anglais et irlandais en écologie des pollinisateurs (Jeff Ollerton, Dave Goulson et Jane C. Stout sont des références dans ce milieu).
Ce n’est cependant pas un secret que la recherche anglo-saxonne sur les pollinisateurs sauvages bien plus développée que dans les autres pays, et qu’il est ainsi normal que ces chercheurs défendent leur modèle d’intérêt. En effet, en comparaison la France et la Suisse s’intéressent beaucoup plus à l’abeille domestique, avec de nombreux laboratoires dédiés à sa santé.
Cet article remet clairement en cause l’intérêt de toutes les campagnes de protection de l’abeille mellifère des gouvernements ou ONG, en argumentant que l’abeille domestique ne serait pas efficace et même qu’elle serait défavorable aux pollinisateurs sauvages.
Selon eux, au lieu de dépenser de l’argent et du temps dans la recherche des causes de disparition d’A.mellifera et d’influencer les médias et le public, il serait plus judicieux d’étudier le déclin des pollinisateurs sauvages.
Ce commentaire blâme clairement les recherches sur l’abeille domestique, estimant qu’elles causent un conflit d’intérêt entre l’industrie apicole et la conservation de la biodiversité des pollinisateurs.
Le corpus médiatique qu’ils ont mené en parallèle montre que 40% de la production des médias anglais abordant la question des pollinisateurs mentionnent l’abeille domestique, contre seulement 10% mentionnant le bourdon par exemple (alors que ces derniers sont davantage en voie d’extinction).