Titre de l'article :

La plupart des poissons destinés à la production de nourriture pour poissons d’élevage sont de bonne qualité alimentaire


Introduction à l'article :

Même si la majeure partie des captures de pêche est destinée à l’alimentation humaine directe (AHD), une part non-négligeable des captures est utilisée autrement. L’aquaculture augmente la production de poissons pour l’AHD mais elle est elle-même un consommateur important de protéines marines (70% des animaux d’élevage aquacole sont nourris par du poisson, d’huile ou farine de poisson (HFP)). La production d’HFP se fait à partir de petits poissons de « fourrage », jouant pourtant un rôle clé dans les écosystèmes marins en substantant les niveaux trophiques supérieurs (poissons carnivores, mammifères et oiseaux marins). Ainsi, la surpêche de ces poisons pour la production d’HFP représente un risque potentiel de diminution de la production des espèces de plus haut niveau trophique.
L’objectif de cette étude est donc de révéler la part de poisson utilisée pour l’AHD ou non et ainsi de déterminer comment nous pêchons pour « ne pas nous nourrir directement » du fait de l’aquaculture.

Expériences de l'article :

L’analyse est basée sur des données de reconstruction de captures de pêche, par taxon, pour chaque pays et pour chaque année entre 1950 et 2010.
Les captures ont été allouées soit à l’AHD, soit à la production d’HFP soit à d’autres usages (appâts, usage industriel). L’usage « final » des captures a été déterminé par « anticipation » à partir des données de captures pêchées et non pas à partir de données après production d’HFP car le traçage des captures de pêches dans ces produits est difficile. Pour cela, les auteurs ont utilisé des rapports informant de la production en HFP par pays.
De plus, les auteurs ont déterminé la qualité et la qualité alimentaire pour la consommation par les humains pour chaque taxon des poissons de fourrage.

Résultats de l'article :

De 1950 à 2010, 25% des captures de pêche ne sont pas destinées à la AHD mais à la production d’HFP. Cette proportion a fluctué, passant de 30% dans les années 1990 à 18% en 2010. En revanche, les poissons destinés à d'"autres usages", notamment l'alimentation directe des animaux et l'aquaculture, ont légèrement augmenté au cours des deux dernières décennies. Les auteurs démontrent que plus de 90 % des débarquements de poissons destinés à la fabrication d’HFP ou à d'autres utilisations non-ADH sont pourtant des poissons de qualité alimentaire voire de première qualité alimentaire.

Rigueur de l'article :

Les auteurs font partie du projet Sea Around Us ou de l’association Bloom qui sont des organismes et associations de grande échelle qui visent à minimiser l’impact de l’Homme sur les écosystèmes marins et améliorer les conditions de vie humaine, cette étude est donc fiable et il n’y a pas de conflits d’intérêt concernant la controverse pour ces auteurs.

Ce que cet article apporte au débat :

L’étude montre qu’outre les conséquences que peuvent avoir les pêches sur les écosystèmes marins, l’utilisation de ces poissons de fourrage pour la production de farine et d’huile de poissons utilisées pour nourrir les poissons carnivores d’élevage peuvent compromettre des objectifs de sécurité alimentaire car ces espèces sont en grande partie de grande qualité nutritive.

Publiée il y a environ 4 ans par C. Fosse et C. Lecq.
Dernière modification il y a presque 4 ans.