Titre de l'article :

L'histoire d'un cours d'eau étouffé par un aménagement d'urgence : le cas du Bonhomme-Morency au Bas-Saint-Laurent


Figure :

Figure 9 - Ligne du temps résumant l’historique des cours Bonhomme-Morency et Renouf depuis 1968. Parent et al., 2015

Introduction à l'article :

Les aménagements des cours d'eau n'ont pas été toujours réalisés de façon rigoureuse bien qu'ils puissent faire appel à la science. Ce n'est qu'à partir des années 1980 que les conséquences des aménagements sur la dynamique des cours d'eau et leur écologie ont été considérées.
Les ruisseaux Renouf et Bonhomme-Morency (B.M) sont deux cours d'eau Québécois qui ont été modifiés sur une période de 40 ans (1968 - 2009). Ces aménagements sont le résultat de la nécessité de protéger le centre ville de la commune des Trois-Pistoles des inondations pour assurer la construction d'une école en 1968. L'école se situe au centre d'une zone de laminage naturel (zone d’accumulation temporaire d’une partie du volume de la crue) dans la partie aval du Renouf. Un détournement des eaux de ce dernier de 6km² dans celles du ruisseau de B.M a bouleversé l'équilibre hydrologique du bassin versant de la municipalité de la ville et a provoqué à terme, l'enrochement du ruisseau B.M.

Expériences de l'article :

Traçage historique des aménagements dans le bassin versant de la Ville des Trois-Pistoles (archives et interview de 5 acteurs intervenus dans l'aménagement du Bonhomme-Morency) et comprend :

  • Analyse hydromorphogéologique
  • Analyse par photos aériennes des changements morphologiques au cours du temps (1968 à 2004)
  • Analyse des enjeux socio-économiques de la localité
Résultats de l'article :
  • Une prise de décision inadéquate de la part de la municipalité (détournement des eaux du Renouf)
  • Des décisions en chaîne (canalisations, digues, expropriations de terrain, non-communication des coûts financiers) sans discussion entre les aménagistes, les scientifiques, l'état et les locaux en réponse aux dégâts.
  • Déplacement des problèmes
  • Une absence de considération hydrogéomorphologique et écologique qui a poussé à réaliser un rapport en 2007. Les changements provoqués se traduisent par une interrelation entre les processus (incision et érosion) et les formes (modification des débits, augmentation de la largeur, de la profondeur, de la pente et de la migration latérale) du B.M. Cela a eu un impact important sur les communautés piscicoles sur l'ensemble du bassin versant (colmatage des frayères, comblement des fausses i.e perte d'habitat, rejets des eaux usées).
  • Un enrochement de dernière nécessité en 2009 du B.M
  • Une absence de suivi général (l'état demande au promoteur de s'auto-évaluer)
Rigueur de l'article :

Bien que l'interview de 5 participants dans l'aménagement du Bonhomme-Morency ait été bien retranscrit, l'avis des riverains sur l'évolution du cours d'eau aurait pu être un plus.

Ce que cet article apporte au débat :

Ce document illustre la gestion des cours d'eau dans les années 1970 avant une prise de conscience de l'importance de la pluridisciplinarité dans les études avant les actions. La gestion a été proactive et non adaptative à la situation du cours d'eau. Les priorités à court terme ont été mal conçues. Contourner les nombreux problèmes était vu comme une solution. Le retard du Québec à intégrer l’hydrogéomorphologie dans les processus d’aménagement des cours d’eau y est exposé. Cette discipline est maintenant reconnue en France, Italie, Australie et aux États-Unis (haut taux de succès des aménagements grâce à cette discipline). Les questions sur la dynamique des cours d'eau du bassin versant et de leur écologie ne sont arrivées que très tardivement (30 ans après les premières modifications). Les questions de renaturation apparaissent comme des perspectives plus pertinentes. Pourtant, bien que la renaturation fut une option, la ville a refusé de peur de nouvelles inondations au centre-ville.

Remarques sur l'article :

Bien que la revue dans laquelle cet article a été publié est le fruit d'un organisme sans but lucratif voué à la diffusion des connaissances en histoire et en sciences humaines touchant la région de l'estuaire du Saint-Laurent, l'article a été rigoureusement rédigé par des professeurs et une biologiste-géomorphologue du département de Biologie, Chimie et Géographie de l'université du Québec à Rimouski UQAR.

Publiée il y a plus de 3 ans par M. Lefevre et A. Hoste.
Dernière modification il y a plus de 3 ans.