Titre de la méta-analyse :

Le moment des extinctions de la mégafaune du Quaternaire en Amérique du Sud en relation avec l'arrivée des humains et les changements climatiques


Introduction à la méta-analyse :

L'Amérique du Sud est le continent qui a subi les extinctions les plus sévères et le second continent, après l'Amérique du Nord, où la colonisation humaine a eu lieu dans une période relativement proche des changements climatiques de la fin du Pléistocène. La synergie entre ces deux évènements semble accélérer la vitesse à laquelle les extinctions de la mégafaune se sont produites. Il est alors attendu que la rapidité des extinctions en Amérique du Sud soit similaire à celle observée en Amérique du Nord. Pour tester l'hypothèse selon laquelle la synergie entre les changements climatiques et les impacts humains a un effet plus sévère dans les extinctions que lorsqu'il n'y a pas de synergie, les auteurs proposent une méta-analyse d'études ayant été réalisées en Amérique du Sud.

Expériences de la méta-analyse :

Les auteurs ont recueilli dans la littérature scientifique des données sur les genres et les espèces de la mégafaune éteinte du Pléistocène, les sites archéologiques datés d'avant 8 ka BP ainsi que des données palynologiques et glacialogiques qui dataient du Dryas récent et la transition climatique entre le Pléistocène et l'Holocène, en Amérique du Sud. Après avoir éliminé les données pouvant être problématiques, une évaluation a été réalisée pour tester la solidité de chaque datation radiocarbone, à laquelle un rang numérique a été attribué. Seules les données avec les plus hauts rangs (respectivement les rangs 11 et 12 et les rangs 13 à 17 pour les données paléontologiques et archéologiques) ont été utilisées pour l'analyse.

Résultats de la méta-analyse :

Les résultats obtenus montrent que :

  1. L'intensité et le moment de l'extinction peuvent avoir varié à travers le continent, commençant dans le nord avant l'arrivée des humains, et devenant plus intenses et rapides sur les latitudes moins élevées lorsque les humains sont arrivés et où le changement climatique a eu des effets plus dramatiques.
  2. Les extinctions en Amérique du Sud se sont déroulées sur une période plus longue qu'en Amérique du Nord. Le rythme des extinctions semble s'être accéléré vers 13,5 ka, environ 1000 ans après l'arrivée des humains sur le continent mais cela coïncide aussi avec les changements climatiques de la fin du Pléistocène, et plus particulièrement lors des évènements survenus au cours du Dryas récent. Les humains semblent donc avoir joué un rôle dans les extinctions en Amérique du Sud.
  3. À l'échelle continentale, l'impulsion principale sur les deux continents n'a eu lieu qu'après l'arrivée des humains et en même temps que les climats de la fin du Pléistocène.
Rigueur de la méta-analyse :

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêt.

Ce que cette méta-analyse apporte au débat :

Cette méta-analyse permet d'en apprendre un peu plus sur la synergie entre les changements climatiques et l'impact humain sur les extinctions de la mégafaune. En effet, de par le fait que la période de l'arrivée de l'Homme sur le continent américain coïncide plus ou moins bien avec la période des changements climatiques sur les deux continents américains, il était attendu que la synergie entre ces deux facteurs ait joué un rôle similaire sur les extinctions de la mégafaune mais cela n'a pas été observé. Néanmoins, il est intriguant que la fenêtre temporelle d'extinction soit beaucoup plus large en Amérique du Sud qu'en Amérique du Nord. Cela pourrait indiquer que les pressions relatives de l'Homme et des changements climatiques diffèrent entre les deux continents, soit en raison des différences culturelles entre les premières cultures des deux endroits soit parce que l'Amérique du Sud a accueilli un plus grand nombre de refuges face aux changements climatiques et aux pressions humaines.

Publiée il y a plus de 3 ans par m.brondani et J. Degen.
Dernière modification il y a plus de 3 ans.