Titre de l'article :

Une théorie de la résilience des villes aux inondations - une base pour les pratiques alternatives de planification


Figure :

Figure 4 : Une comparaison entre la ville résistante et la ville résiliente.
La ville résistante est dépendante des infrastructures de contrôle des inondations qui ne fonctionnent que dans des conditions sèches et ayant une faible tolérance aux changements d'état socio-économiques (i.e une marge de tolérance étroite). Cela conduit à un petit bassin d'attraction du régime souhaitable (dont la taille est indiquée par la zone grisée) d'où une faible résilience urbaine aux inondations.
Au contraire, la ville résiliente tolère les inondations et une plus grande fluctuation des conditions socio-économiques, ce qui lui permet d'avoir un bassin plus grand et donc une plus grande résilience urbaine aux inondations.
Liao 2012

Introduction à l'article :

Les risques d'inondation menacent les villes fluviales du monde entier, bien que la plupart d’entre elles soit protégée par des infrastructures de contrôle des inondations (i.e., digues, barrages et canalisations). Ces dernières ne constituent pas une approche d'atténuation fiable face à l'incertitude du changement climatique. Elles sont connues pour avoir endommagé les écosystèmes fluviaux et augmenté les risques d’inondation à long terme. Cette étude suggère aux villes une approche de gestion contre les inondations basée sur la résilience plutôt que sur la résistance. Cette nouvelle gestion, nommée « résilience urbaine aux inondations », se définit comme la capacité d'une ville à tolérer les inondations et à se réorganiser en cas de dommages physiques et de perturbations socio-économiques, afin de prévenir les décès et les blessures et de maintenir son identité socio-économique actuelle. L’idée que les villes ne peuvent pas vivre sans contrôle des inondations est donc remise en question.

Expériences de l'article :

Dans cette étude aucune expérience n’est réalisée. En revanche, l’auteur définit les nuances entre « résistance » et « résilience », et pour ce dernier il dissocie la résilience écologique et ingénieure. De plus, il met en avant que chaque inondation est une expérience et que l’humain devrait en tirer des connaissances. En effet, chaque expérience d'inondation donne aux villes la possibilité d'ajuster leurs structures, leurs processus internes et de développer leurs connaissances, ce qui conduit à diverses stratégies d'adaptation cumulées dans le temps. Mais, sachant que les infrastructures de contrôle des inondations permettent de prévenir la plupart des inondations, les villes ne tirent qu'un pénible enseignement des rares inondations catastrophiques dont le prix est élevé. Dans la gestion des risques d'inondation basée sur la résilience, les inondations périodiques sont des occasions d'apprentissage pour les villes afin qu'elles soient mieux adaptées aux inondations extrêmes.

Résultats de l'article :

L’auteur de l’article conclut que le concept de résilience écologique est un cadre plus approprié pour la gestion des risques d'inondation, car il s'appuie sur un paradigme plus réaliste de multi-équilibres, axé de manière pragmatique sur la persistance dans un monde de flux. Le fait de forcer les plaines d'inondation à ne pas être inondées et de construire une fonctionnalité socio-économique sur une stabilité environnementale forcée entraîne une érosion de la résilience. Cela remet donc en question le parti pris en faveur du maintien d'une plaine d'inondation sèche et d'activités socio-économiques stables. La gestion des risques d'inondation basée sur la théorie de la résilience commencerait par la reconnaissance des inondations périodiques comme une dynamique environnementale inhérente, par laquelle les activités socio-économiques dans les plaines d'inondation sont inévitablement affectées.

Rigueur de l'article :

Cet article ne semble pas être sujet à des conflits d'intérêts.

Ce que cet article apporte au débat :

Il s'agit d'un changement de paradigme qui fait passer les villes de la résistance à la résilience. Le programme de gestion est réorienté de la "sécurité contre les inondations" à la "sécurité lors des inondations". La théorie de la résilience suggère donc un changement dans la gestion des risques d'inondation qui devrait se concentrer sur le renforcement de la résilience par opposition au maintien de la stabilité. Comme les inondations font partie intégrante de la dynamique urbaine normale, la résilience n'est ni une résistance aux inondations ni un rétablissement aux conditions antérieures aux catastrophes - les deux sont simplement des moyens de parvenir à une stabilité. La résilience urbaine aux inondations est donc mesurée par l'ampleur des inondations que la ville peut subir jusqu'à ce qu'elle atteigne un seuil et passe à un régime indésirable.
Les villes dépendantes des infrastructures de lutte contre les inondations ont un faux sentiment de sécurité (lien avec l'étude sur Lully).

Remarques sur l'article :

Normalement le titre des figures se placent en dessous de la figure ce qui n’est pas le cas dans cet article.
Cette étude travaille sur des propos relativement théoriques, pourtant l’auteur parvient à illustrer ses concepts avec des faits réels (comme l’exemple avec New Orleans). Etant conscient de ses propos théoriques, il donne des conseils d’applications.

Publiée il y a environ 4 ans par A. Hoste et M. Lefevre.
Dernière modification il y a environ 4 ans.