Titre de l'article :

Le pesticide néonicotinoïde réduit la croissance des colonies de bourdons et la production de reines


Figure :

Nombre moyen des reines produite en fonction des différentes conditions de traitement.

Le nombre de nouvelles reines produites par les colonies témoins était supérieur au nombre produit dans les colonies à traitement faible et élevé. Les barres représentent le nombre moyen de reines et leurs erreurs standard. Les astérisques indiquent des différences significatives.

Penelope R. Whitehorn et.al, Neonicotinoid Pesticide Reduces Bumble Bee Colony Growth and Queen Production , Science, 2012.

Introduction à l'article :

De nombreuses cultures sont traitées de manière routinière avec des insecticides néonicotinïdes (NNI) L'Imidaclopride (I) est un NNI systémique couramment utilisé qui se propage au nectar et au pollen des cultures, à des concentrations allant de 0,7 à 10 μg kg –1 et des études précédentes ont montré que les abeilles sont exposées aux NNI pendant 2 à 4 semaines durant la saison de floraison.
Les recherches portant sur les impacts de ces utilisations se focalisent sur les abeilles au détriment des bourdons et autres pollinisateurs. Cette étude à donc pour but d'examiner l'impact de l'Imidaclopride sur des colonies de bourdons sauvages Bombus terrestris afin de simuler l'effet de l'exposition de ces pollinisateurs aux NNI sur le terrain.

Expériences de l'article :

75 colonies de _Bombus terrestris _ont été aléatroiement traitées de la manière suivante pendant 2 semaines :
1) Pollen ad libitum et eau sucrée (Témoins négatifs)
2) Faible traitement: Pollen et eau contaminées respectivement par 6 et 0,7 μg kg –1 d'imidaclopride
3) Traitement élevé: Pollen et eau contaminées respectivement par 12 et 1,4 μg kg –1 d'imidaclopride
Suite à quoi les colonies ont été placées sur le terrain et laissées de manière à se nourrir naturellement pendant 6 semaines afin de surveiller leur performance (prise de poids et nombre de reines)

Résultats de l'article :

Dans un premier temps, la prise de poids était inférieure dans les colonies traitées par rapport aux témoins. En effet, les colonies étaient 8 à 12 plus petites que les témoins et il n'avait pas de différence significative entre le faible traitement et le traitement élevé.
Etant donné que le taux de croissance des colonies dépend du nombre de travailleurs, les auteurs se sont intéressés au nombre des mâles, ouvrières, chrysalides et les cellules nymphales. Aucune différence significative n'a été observée entre les types de traitements mais ces captages étaient 19 à 33% inférieurs par rapport aux témoins.
Enfin, le nombre de reines a également été examiné : les colonies témoins comptaient en moyenne 13,72 reines contre 2 et 1,4 pour les colonies traitées. Les bourdons ayant un cycle de vie annuel, seules les reines survivent à l'hiver pour fonder de nouvelles colonies. Ce résultat montre que des traces de NNI sont susceptibles d'avoir un impact substantiel au niveau de la population

Rigueur de l'article :

Bien que les résultats de cet articles semblent être cohérents, les auteurs ne se sont pas plus intéressés aux mécanismes sous jacents aux effets étudiés. Cette étude est donc très superficielle et ne permet pas de rendre compte de l'impact réel de l'utilisation de l'Imidaclopride sur les populations de bourdons. Cette étude est peu rigoureuse également du fait que l'impact du NNI en question a uniquement été évalué sur une période de 6 semaines, tandis que de nombreux articles suggèrent que les pollinisateurs sont exposés à des résidus de NNI pendant des périodes allant de 12 à 16 semaines.

Ce que cet article apporte au débat :

Bien que les expériences ne soient pas très approfondies, ces premiers résultats démontrent quand même qu'une exposition aux NNI affecte bien le fonctionnement et l'organisation des colonies de bourdons. Elle nous permet donc de conclure que l'imidaclopride semble bien affecter d'autres pollinisateurs que les abeilles et qu'il est important de mieux explorer ces pistes.

Publiée il y a plus de 3 ans par Noun MAGDY et T. Prévitali.
Dernière modification il y a plus de 3 ans.