Etude à grande échelle sur les effets de la clothianidine utilisé en enrobage de graine de colza sur des insectes pollinisateurs au nord de l'Allemagne
Les insectes pollinisateurs sont des composants essentiels aux écosystèmes terrestres. Cependant, un déclin des insectes pollinisateurs à été observé ces dernières années. Les néonicotinoïdes sont des pesticides suspectés de participer à ce déclin. Des études à large échelle en champs sont essentielles pour estimer l'impact de ces pesticides sur les insectes pollinisateurs. Cependant ce genre d'étude est plutôt rare. Ici, les auteurs réalisent une étude s'intéressant a l'effet de la clothianidine sur des populations d'abeilles domestiques (Apis mellifica) , de bourdons (Bombus terrestris) et d'abeilles sauvages (Osmia bicornis). Les résultats de cette étude ont été publiés dans quatre articles (un article décrivant le protocole expérimental et les trois autres articles décrivant les résultats obtenus pour chaque insecte pollinisateurs). Cette référence correspond à l'article décrivant le protocole expérimental appliqué.
96 ruches d'abeilles, 120 ruches de bourdons et 96 nids d'abeilles sauvages sont répartis sur deux zones géographiques relativement éloignées (1.9 km): une zone traitée et une zone non traitée. La zone traitée est composée d'un grand nombre de champs de colza traités avec de la clothianidine utilisée en enrobage de graine (produit commercial : Elado). La zone non traité comporte une surface équivalente en colza mais ce dernier n'est pas traité.
Les auteurs analysent ensuite divers paramètres pour évaluer l'effet de la clothianidine sur les insectes pollinisateurs. Par exemple, ils évaluent le nombre d'individus travailleurs dans les colonies d'abeilles domestiques et de bourdons et la capacité des abeilles sauvages à former des nids.
Les auteurs ne remarquent aucun effet statistiquement significatif des néonicotinoïdes sur les populations d'insectes étudiées.
Les auteurs se demandent cependant si les deux zones étudiées sont suffisamment similaires entre elles pour qu'il n'y ait pas de facteurs confondants. Ils comparent notamment l'ensemble des cultures présentes sur les champs. Aucune différence majeure entre les deux sites n'est observée. Ils quantifient également la quantité de pesticide présent dans le nectar et le pollen des fleurs traités. Ils remarquant que de la clothianidine peut être retrouvée à l'état de trace dans les champs avant traitement. Cependant, cette quantité d'insecticide retrouvée est vraiment très faible et n'est pas retrouvée dans tous les sites testés.
Les auteurs réalisent un traitement statistique de leurs données. De plus, ils étudient trois espèces d'insectes pollinisateurs.
Cependant, des traces de pesticides sont retrouvées dans le site contrôle, ce qui pourrait biaiser les résultats obtenus.
Les deux sites ne sont pas si éloignés que ça (1.9 km), certains auteurs préconisent au moins 3 km de distance entre les champs traités et non traités.
Les auteurs utilisent certes plusieurs ruches et nids, mais ils s'intéressent à une seule zone géographique. Autrement dit, les auteurs font de la pseudoréplication. Cette méthode permet de limiter les effets confondants mais l'idéal serait d'étudier un grand nombre de zones différentes. Cependant ce genre d'étude coute très cher.
Aussi, les auteurs ne s'intéressent qu'à l'effet d'un seul néonicotinoïde et pas à des combinaisons de pesticides.
Enfin, les auteurs ne s'intéressent pas aux effets à long terme des néonicotinoïdes. Une étude sur plusieurs années serait préférable.
Cet article montre que les néonicotinoïdes ne semblent pas avoir d'effet dans des conditions en champs.
Cette étude est importante car c'est une des première étude en champs à utiliser des outils statistiques pour montrer qu'il n'y a pas d'impact statistiquement significatif des néonicotinoïdes sur les insectes pollinisateurs.