L'introduction de poissons d'eau douce non-natifs ne doit pas être exclusivement considérée comme néfaste pour les écosystèmes et la biodiversité
Aujourd'hui, la majorité des gens s'accorde à penser qu'une introduction d'une espèce non-native est négative pour la biodiversité. L'objectif de cet article est d'ouvrir le débat sur l'impact de l'introduction de poissons d'eau douce non-natifs. En effet, de nombreuses espèces de poissons sont introduites pour différentes utilisations : l'alimentation, la pêche, le contrôle biologique, etc., et cela ne fera que s'intensifier avec les changements climatiques et environnementaux à venir.
Pour réaliser cette étude, l'auteur s'est servi des données mises à disposition par le FAO et FishBase. Il a étudié l'impact de l'introduction de poissons d'eau douce sur 54 ans, en tenant compte des régions, du but (alimentation, sport, ornementation, contrôle biologique, aquaculture), de l'aspect économique et de l'aspect écologique. Par exemple, si un poisson a un fort impact écologique et une faible valeur économique, alors c'est un poisson dont l'introduction ne peut être justifiée.
L'aquaculture est majoritairement responsable de l'introduction de poissons dans le monde, mais l'impact varie en fonction des régions. Il est par exemple plus fort en Asie. Pour l'impact écologique, l'auteur estime que moins de 10% des introductions de poissons d'eau douce sont néfastes. Cependant, ce risque varie en fonction des espèces, et notamment des traits d'histoires de vie, et est donc difficile à évaluer. De plus, de nombreuses espèces ont un intérêt économique important et présentent un faible risque écologique.
L'auteur prend l'exemple de l'introduction de la perche du Nil dans le Lac Victoria, où cette espèce est associée à de grands désastres écologiques mais aussi à une source de revenus pour les populations locales. L 'hybridation et les agents pathogènes sont aussi des facteurs qui peuvent impliquer une baisse de la diversité des espèces natives au profit des non-natives.
L'auteur se base sur des données provenant de sources, certes fiables, mais qui ne sont malheureusement pas complètes. Seules les espèces recensées sont analysées dans cette étude. De plus, il considère que si une espèce a un intérêt économique, alors son impact écologique sur la diversité doit être mis de côté, ou du moins minimisé. C'est donc une vision très anthropocentriste du problème. Selon l'auteur, il est possible de légitimer l'impact écologique de nombreuses espèces non-natives, considérées invasives, si elles ont un intérêt pour l'homme.
Cet article permet de signaler que toutes les espèces non-natives ne sont pas forcément néfastes dans un écosystème et qu'il faut nuancer les propos. Certes, de nombreuses espèces ont eu, et ont encore, un impact dramatique sur les écosystèmes qu'elles ont colonisé, mais certaines espèces ont un intérêt pour l'homme mais aussi pour la diversité elle-même. Ces espèces permettent de remplacer une espèce native disparue dans son rôle dans l'écosystème, même si la disparition de l'espèce native est souvent due à l'arrivée d'une espèce non-native. L'introduction d'espèces non-natives peut aussi servir de contrôle écologique contre des espèces non-natives qui ont colonisé un milieu de manière accidentelle.