Titre de l'article :

Un ARN double-brin AaeIAP1 tue les femelles adultes d'Aedes aegypti par application externe


Introduction à l'article :

Aedes aegypti est un Insecte Diptère de la famille des Culicidae communément appelés moustiques. Il est le principal vecteur des arbovirus de la dengue et de la fièvre jaune dans le monde. Des millions de personnes sont touchées chaque année par des épidémies de dengue qui causent la mort de milliers de personnes. Concernant la fièvre jaune, il existe un vaccin efficace mais des épidémies se déclarent toujours en Afrique et sporadiquement en Amérique du Sud. Afin de contrôler les populations de moustiques, certains insecticides comme le DDT ont été utilisés de manière massive durant de nombreuses années ayant pour conséquence l'apparition de moustiques présentant une résistance à ces insecticides. Il est donc nécessaire de développer des insecticides alternatifs afin de contourner cette résistance acquise. Cet article présente un nouvel insecticide moléculaire par l'intermédiaire d'un ARN qui perturbe une voie métabolique chez les femelles Aedes aegypti.

Expériences de l'article :

L'apoptose ou mort cellulaire programmée est une voie métabolique indispensable pour assurer un développement normal et pour l'homéostasie, qui est le maintient des processus vitaux à un niveau optimal. Les protéines inhibitrices de l'apoptose (IAP) sont des régulateurs clés de la mort cellulaire et lorsqu'elles sont présentes en grande quantité dans les cellules, elle empêchent l'apoptose. Dans cette étude, les auteurs testent les effets du traitement des femelles Aedes aegypti avec des ARN double-brin (AaeIAP1) capables d'interférer avec l'expression du gène codant pour AIP1 entrainant une diminution de sa concentration dans les cellules et donc l'apoptose. L'expérience n'est réalisée que sur des femelles car ce sont les seules qui se nourrissent de sang. Ces ARN sont dilués dans de l'acétone ou du TransIT-siQUEST (un solvant de synthèse) et les moustiques reçoivent une application externe. Les taux de mortalité sont observés à différentes durées après exposition.

Résultats de l'article :

Trois ARN différents sont testés sur les moustiques. Concernant les ARN avec pour solvant de l'acétone, le taux de mortalité le plus fort est observé pour une combinaison des 3 types d'ARN : approximativement 42% des femelles sont mortes 24h après exposition. Lorsque les ARN sont testés séparément, il n'y a pas de différences significatives de mortalité entre eux. En utilisant le solvant TransIT-siQUEST, le dsARN-IAP1-D induit une mortalité significativement plus forte que les deux autres ARN : environ 28% au bout de 3h et approximativement 48% 24h après exposition. Parallèlement, les moustiques ont également été traités avec un ARN double brin qui n'interfère pas avec le gène inhibiteur de l'apoptose et comme attendu les auteurs n'observent pas de modification de l'expression de ce gène. Cependant pour les autres ARN, il y a modification de l'expression du gène ce qui est corrélé avec les taux de mortalité. La mortalité est donc bien expliquée par l'interférence des ARN avec le gène.

Rigueur de l'article :

Le nouvel insecticide présenté dans cette étude agit sur l'apoptose qui est une voie métabolique très conservée au cours de l'évolution. Par conséquent, il n'est pas exclu que l'utilisation d'un tel insecticide dans la nature touche d'autres espèces que Aedes aegypti, comme d'autres espèces de moustiques qui ne piquent pas l'homme ou bien d'autres Insectes jouant un rôle essentiel dans la pollinisation des fleurs. Il sera donc nécessaire de mener des tests plus amples avant de permettre l'utilisation d'un tel produit.

Ce que cet article apporte au débat :

Cet article met en évidence le fait les moustiques sont vecteurs de virus présentant un danger important pour l'homme comme la dengue ou la fièvre jaune toutes deux portées par Aedes aegypti. Malgré les résistances à de multiples insecticides développées par les moustiques à cause de l'utilisation systématique et en grande quantité de ces produits, de nouvelles méthodes de lutte sont développées pour limiter leur propagation et donc le risque pour les populations.

Publiée il y a plus de 8 ans par F. Martin.
Dernière modification il y a plus de 8 ans.