Restaurer la Nature, sans les moustiques ?
La prise de conscience environnementale nous pousse a restaurer des espaces naturels comme les zones humides qui sont des points chauds de biodiversité, elles constitue un habitat pour un grand nombre d'espèces, elles permettent de contrôler le flux d'eau et donc limiter le risque d'inondation, et jouent également un rôle dans la purification de l'eau. Cependant, depuis des siècles, ces zones ont été asséchées par l'homme car elles constituent un milieu propice pour les moustiques qui sont des vecteurs de nombreuses maladies comme la malaria. La réduction de la prévalence de ces pathogènes a permis de passer d'une espérance de vie de 40 ans en 1860 à 77 ans en 2002 aux Etats-Unis par la réduction de la mortalité chez les nouveaux-nés, les enfants et les jeunes adultes. Cet aspect de la restauration des zones humides est bien souvent négligé et peu d'études sur le sujet font mention de ce problème. Certains invoquent la discontinuité entre les zones de nature sauvage et les zones habitées ayant pour effet de limiter les risques. Cependant du fait des grandes capacités de dispersion des moustiques, il ne s'agit pas d'une véritable barrière mais plutôt d'une frontière conceptuelle. Aujourd'hui nous voulons pourtant restaurer ces milieux alors qu'ils ont été un fléau pendant des siècles. En effet, les progrès de la médecine moderne nous permet de réhabiliter ces zones tout en limitant les risques pour l'homme. Toutefois, par restauration il ne faut pas comprendre "revenir à un état antérieur" mais "restaurer un niveau de fonction adapté à la vie sauvage et à l'homme". Les virus portés par les moustiques n'affectent pas seulement l'homme. Par exemple, le virus du Nil occidental touche principalement les oiseaux ce qui peut être problématique dans le cas d'espèces autochtones en danger. Des alternatives aux pesticides ont été testées pour lutter contre les moustiques comme les poissons Gambusia affinis et G. holbrooki qui se nourrissent des larves de moustiques en surface de l'eau. Cependant ces poissons rentrent en compétition avec les espèces autochtones et ont donc un impact négatif sur ces populations. Pour allier restauration des zones humides avec un risque maîtrisé, les populations de moustiques doivent être continuellement contrôlées pour ne pas devenir un problème. Ce contrôle doit être d'autant plus fort que ces zones sont proches des habitations. La forte concentration de moustiques est un avantage dans certaines zones car cela permet d'avoir des écosystèmes fleurissants avec un minimum d'influence humaine grâce à leur rôle dissuasif.
Cette review montre du doigt le fait que la restauration ou la création de zones humides tels que des marais, marécages et tourbières doit se faire tout en ayant conscience que ces milieux sont propices aux moustiques qui sont de potentiels vecteurs de maladies comme les virus du Nil occidental, de la malaria, de la fièvre jaune, de l'encéphalite de Saint-Louis, de l'encéphalite de La Crosse et de l'encéphalite japonaise. Ces pathogènes touchent à la fois l'homme, le bétail et les animaux sauvages. Il faut donc contrôler les populations de moustiques afin de limiter les risques de transmission de ces maladies et les projets de restauration doivent tenir compte de cet aspect.