Titre de l'article :

Insomnie et lune brillante: étude croisée des phases lunaires et du sommeil.


Introduction à l'article :

Pour le titre de leur article, les auteurs ont repris des paroles de la chanson Sleepless Night de John Lennon "Sleepless night: the moon is bright" littéralement "Nuit sans sommeil, la lumière brille". La croyance populaire veut en effet que les cycles lunaires aient un impact sur la physiologie, le comportement et le rythme cardiaque. Les auteurs ont voulu étudier s'il y avait en effet un impact des différentes phases lunaires sur la qualité du sommeil.

Expériences de l'article :

L'étude est basée sur 31 volontaires (18 femmes et 13 hommes de 50ans d'âge moyen, avec des âges compris entre 18 et 80ans) d'une aire suburbaine de la Suisse pendant 6 semaines (octobre à novembre 2002) pendant lesquelles deux pleines lunes sont survenuees. La durée subjective du sommeil a été calculée à partir d'un journal dans lequel les participants devaient indiquer leurs heures de sommeil.

Résultats de l'article :

La durée moyenne du sommeil était de 6h49min. La durée subjective du sommeil a varié avec les phases lunaires: de 6h41min pendant la pleine lune jusqu'à 7h00min pendant la nouvelle lune (p.value < 0.001).
La durée moyenne du sommeil était écourtée de 68min pendant la semaine comparée aux weekends (p.value < 0.001).
Les hommes dorment 17min de plus en moyenne que les femmes (p.value < 0.001) et ils semblent légèrement moins influencés que les femmes par les cycles lunaires (p.value=0.7, résultat non-significatif mais une tendance est observée par les auteurs).
La durée du sommeil diminuait aussi avec l'âge (p.value < 0.001).
La sensation de fatigue au réveil était aussi associée à la phase lunaire avec une sensation d'épuisement plus grande après les nuits de pleine lune par rapport aux autres nuits (p.value < 0.027).

Rigueur de l'article :
  • On peut déjà noter qu'une partie des sujets utilise des réveils, leur sommeil n'est donc pas entièrement "naturel".
  • La durée du sommeil est évaluée à partir d'un journal intime fourni à chacun des sujets. L'avantage de cette pratique est que les sujets peuvent dormir "naturellement" sans se sentir observés par des scientifiques et sans être dans un milieu étranger (ils dorment chez eux). L'inconvénient évident est qu'il peut y avoir une différence significative entre la durée réelle du sommeil et l'heure indiquée par les sujets soit à cause d'erreurs/oublis, soit parce que les sujets indiquent l'heure où ils se couchent qui peut différer de l'heure où ils s'endorment.
  • On peut raisonnablement se demander s'il n'y a pas un impact de la luminosité sur le sommeil (lumière plus forte durant les nuits de pleine lune). Les auteurs ne semblent pas avoir vérifié les conditions de luminosité dans chacun des appartements des sujets de leur étude la nuit.
Ce que cet article apporte au débat :

Cet article est intéressant à bien des points car il confirme en partie l'idée populaire que l'ont dort moins bien les nuits de pleine lune, cela dit, plusieurs limites internes au design de l'expérience impliquent que d'autres expériences avec des paramètres plus contrôlés et plus de personnes sont nécessaires pour confirmer ce résultat.

Remarques sur l'article :

L'étude initiale visait à voir l'effet des stations de téléphonie mobile sur la qualité du sommeil. Ce n'est que par la suite que les auteurs ont pensé à regarder si les phases lunaires pouvaient avoir un impact sur la qualité du sommeil des sujets de l'étude. De ce fait, beaucoup de biais n'ont pas été anticipés.
Les auteurs mentionnent aussi, dans les limites potentielles, qu'il pourrait y avoir un effet nocebo: les sujets pourraient se coucher plus tard les nuits de pleine lune car ils pensent qu'ils dormiront moins bien avec la pleine lune par exemple.

Publiée il y a environ 9 ans par N. Clairis.
Dernière modification il y a environ 9 ans.