Évaluer l'impact de l'afforestation des déserts sur la dispersion d'agents infectieux.
Bien que les océans représentent le puits majeur de CO2, la biosphère terrestre représente un réservoir non négligeable pour la séquestration du carbone. Ce réservoir contient la plupart de son carbone dans la biomasse des plantes. C'est pourquoi la reforestation a été proposée comme stratégie prioritaire de géoingénierie par la National Academy of Science en 1992 pour atténuer le changement climatique. Plus récemment, une nouvelle stratégie a été proposée car potentiellement plus efficace; l'afforestation. Cela consiste à planter une forêt sur une surface restée longtemps, voire toujours, dépourvue d'arbres. L'afforestation en région subtropicale pourrait améliorer la séquestration du carbone, augmenter l'évapotranspiration et donc augmenter la couverture nuageuse ce qui conduirait à un refroidissement atmosphérique global. L'afforestation des déserts saharien et australien permettrait de compenser toutes les émissions actuelles de CO2 selon Ornstein et al. (2009).
Bien que beaucoup d'effets secondaires de l'afforestation aient été envisagés, les impacts sur la propagation des maladies aviaires n'a pas encore été évalué. Cet article est un travail préliminaire visant à construire une stratégie qui pourrait permettre de comparer les flux d'oiseaux vecteurs de maladie actuels (traitement contrôle: Sahara intact) avec les flux post afforestation. L'auteur explique comment mesurer les flux grâce à une méthode déjà éprouvée dans la littérature, le "C-band radar" qui mesure densité, vitesse et direction des oiseaux migrateurs. La traversée du Sahara étant risquée, il faut évaluer la distance moyenne à partir de laquelle des oiseaux meurent ou commencent à faire demi tour (le point fatal). Il s'agit d'une recherche bibliographique présentée un article de recherche dont le résultat n'est qu'une recommandation.
Le résultat de cette recherche est la mise au point d'une stratégie pour mesurer de l'impact de l'afforestation du Sahara sur la dispersion d'agents infectieux d'origine aviaire. L'approche expérimentale devra être réalisée en deux temps: Une collecte d'information sur le terrain, puis une modélisation des données de terrain. L'approche de terrain nécessitera la construction de stations le long des axes migratoires espacées de 700 km (distance bord du Sahahra - point fatal) pour mesurer les flux d'oiseaux migrateurs. Il faudra ensuite végétaliser ces stations sur 3 km2 avec 100 000 Eucalyptus grandis âgés de 6 ans et irrigués avec de l'eau désalinisée. Il faudra alors mesurer à nouveau les flux d'oiseaux migrateurs. Ces données devrons ensuite être compilées dans un modèle de flux migratoires qui devra être quantitatif afin de prendre en compte le fait que les mesures ont été faite grâce à une afforestation à très petite échelle.
Le titre de l'article laisse penser que l'auteur à réellement évalué l'impact de l'afforestation sur la dispersion de maladies d'origine aviaire mais ce n'est finalement qu'un travail de bibliographie. La méthodologie utilisée est discutable puisque un travail bibliographique doit brasser un grand nombre d'articles en vue d'avoir une vision la plus large possible mais l'auteur se base essentiellement sur 3 articles au plus, mis à part pour les méthodes. Cet article a été publié dans international journal of environmental sciences, son impact factor était de 1.8 en 2012 mais n'est plus cité depuis 2013 dans le Journal Citation Reports de Thomson Reuters pour cause d'auto-citation excessive.
Ce travail reste néanmoins très intéressant. Il rend compte de l'ampleur de la tache à réaliser, ne serait ce que pour simuler une afforestation le long des axes migratoires. Le nombre d'arbres à planter est considérable et devra impliquer les communautés humaines locales pour planter et collecter les arbres afin de créer un marché propice à la durabilité économique d'un tel projet. Un apport important de cet article est la synthèse des effets secondaires d'une afforestation à grande échelle:
-excès de relargage de sel en mer pour la désalinisation,
-augmentation de la fréquence des ouragans (atténués à l'origine par les poussières Sahariennes),
-réduction des nutriments océaniques (issus des poussières sahariennes et amenées par le vent),
-essaims de criquets
Le principal apport de cet article est une mise en garde face aux effets secondaires d'actions à grande échelles auxquels nous n'aurions pas pensé.
Cet article, qui n'apporte ni réponse ni rien de fondamentalement nouveau au problème, est l'exemple de ce que la pression de publication actuelle produit. A cela s'ajoute de fortes tensions au sujet du changement climatique global qui devient un thème de choix pour de nombreuses publications comme celle-ci.