The reintroduction of large carnivores to the Eastern Cape, South Africa: an assessment
Peu d’études se concentrent sur la réintroduction de grands carnivores en Afrique. En effet, sur 30 réintroductions de grands carnivores, seulement 9 se sont révélées réussies. De plus, il est établi que la réintroduction de carnivores est plus difficile que celle d’herbivores ou d’omnivores. Peu d’études se sont intéressées au suivi des remises en liberté, et les rares résultats montrent souvent des échecs incompris par les scientifiques. Cet article documente le cas de réintroductions de plusieurs grandes espèces terrestres (>10 kg) dans le Cap oriental, une province d’Afrique du Sud. Les taux de survie des espèces réintroduites sont documentés. Etant donné le problème du déclin des grands carnivores, il semble crucial de rassembler les résultats en vue d’une future gestion de la conservation.
Les espèces étudiées sont les suivantes : le chacal à chabraque (Canis mesomelas), le lycaon (Lycaon pictus), l’hyène tachetée (Crocuta crocuta), l’hyène marron (Hyaena brunnea), le protèle (Proteles cristatus), le ratel (Mellivora capensis), le guépard (Acinonyx jubatus), le léopard (Panthera pardus), le lion (Panthera leo), le lynx du désert (Caracal caracal) et le serval (Leptailurus serval). Ces espèces étaient déjà présentes au Cap oriental avec un statut IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et sont donc natives de la région.
11 régions de conservation au Cap oriental ont réintroduit ces espèces carnivores depuis 1996 afin de restaurer une intégrité écologique et de conserver les espèces en danger. Chacune de ces régions est délimitée par des clôtures, pour qu’elles soient considérées comme des unités écologiques à part entière.
La réintroduction de ces espèces carnivores dans les réserves du Cap oriental s’est révélée être un succès, puisque toutes les espèces ont vu leur population augmenter. L’outil d’évaluation consistait à prendre en compte la reproduction des populations de 3 ans, avec un taux d’individus supérieur à celui des décès.
Les lions ont rapidement dominé plusieurs sites, signe qu’ils n’ont pas été persécutés par d’autres espèces. Leur réintroduction a été la plus réussie (56 individus). La population des lycaons a également doublé, malgré leurs besoins en espace (domaines <1000 km² sont trop étroits pour permettre une bonne conservation) et leurs interactions sociales complexes.
La réintroduction des léopards a échoué dans les environnements où d’autres prédateurs vivaient déjà tels que lions et les hyènes tachetées.
Cet article présente une estimation fiable des populations des grands carnivores en Afrique du Sud. Les résultats prennent en compte les naissances survenues après la réintroduction et les décès dus aux autres prédateurs. Certaines réintroductions ne prennent pas entièrement en compte les besoins des carnivores en termes d’environnement, comme par exemple le serval qui préfère les prairies hautes et humides.
Un des problèmes qui se pose est qu’il est trop tôt pour évaluer si certaines réintroductions ont marché. Un suivi plus poussé et à plus long terme est nécessaire.
Il aurait également été intéressant d’évaluer la densité des proies de ces animaux, étant donné qu’il a été prouvé par une autre étude (Qin et al., 2015) que c’est un excellent outil pour estimer la densité des grands prédateurs.
Cette étude démontre que des réintroductions de grands carnivores sont possibles, ici dans le cas de la région du sud de l’Afrique. La plupart des réintroductions ont été un succès, avec une bonne adaptation des espèces et la naissance de progénitures. Néanmoins, de telles expériences nécessitent un suivi extrêmement rigoureux. En effet, avant d’arriver à une situation où la persistance des populations se fera naturellement, il faudra prendre en compte les paramètres régissant les interactions sociales entre les prédateurs et leurs besoins en termes de proies, facteur essentiel du bon déroulement d’une réintroduction.