Introduction
Les néonicotinoïdes sont des analogues synthétiques de la nicotine, cette dernière ayant été utilisée pendant des siècles comme insecticide. Comme la quasi-totalité des insecticides disponibles, ce sont des neurotoxiques qui induisent paralysie et mort de l'insecte.
Les néonicotinoïdes ont été commercialisés à partir des années 1990 pour se substituer à d'autres pesticides fortement toxiques. Leur développement a également été favorisé par la possibilité d'enrobage des semences - l'insecticide pénètre dans les tissus végétaux, diffuse et persiste à l'intérieur de la plante - ce qui limite fortement la pollution des sols et des eaux.
Ils représentent une importante part du marché mondial des insecticides et des produits utilisés en traitement de semences. Mais en France, les controverses concernant leurs effets sur les abeilles ont conduit à de fortes restrictions d'autorisation de mise sur le marché (AMM).
Écotoxicité
Faible pour les poissons et les vers de terres, la toxicité est en revanche élevée pour les oiseaux, mais c'est de la toxicité sur les abeilles que traite cet article.
Une diminution des populations d'abeilles mélifères (les plus connues, qui produisent du miel) est constatée depuis deux décennies dans l'ensemble de l'hémisphère nord. Les néonicotinoïdes étant des insecticides, il n'est pas surprenant qu'ils soient toxiques pour les abeilles, mais ces dernières s'avèrent particulièrement sensibles. En effet l'enrobage des semences, implique qu'une dose infime de néonicotinoïdes se retrouve dans le nectar et le pollen des fleurs en particulier pour le maïs, le tournesol et le colza.
Selon plusieurs travaux, ces doses suffiraient à perturber le comportement alimentaire et les capacités de navigation des butineuses mais l'agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) à toutefois considéré que les doses utilisées dans ces études étaient plus élevées que les résidus mesurés en situation réelle.
Au final, la question n'est pas tranchée mais les néonicotinoïdes ne semblent pas expliquer à eux seuls le déclin des populations d'abeilles, d'autres causes, notamment infectieuses semblent être impliquées.
Exposition professionnelle
À ce jour, bien qu'il y ait une très large utilisation de ces produits à l'échelle mondiale, aucun effet documenté imputable aux néonicotinoïdes n'est signalé lors de l'exposition professionnelle. Cela est du à la faible toxicité intrinsèque pour les mammifères dont l'homme et au fait que la pénétration par voie dermale est vraisemblablement extrêmement faible (études sur des animaux), la voie respiratoire est négligeable étant donné l'absence de volatilité de ces molécules, seule l'absorption digestive est rapide et complète mais la totalité d'une dose orale est éliminée en 48h.
Des évaluations des expositions chez les ouvriers agricoles travaillant en tenue protégée ont été conduite. Les dosages dans l'urine se sont avérés négatifs.
Il n'y a pas de donnée épidémiologique concernant la mortalité par cancer des travailleurs exposés; de même on ne dispose pas d'information sur l'issue de la grossesse chez la femme enceinte exposée.
Exposition environnementale
Il n'y a pas à ce jour d'indication que l'exposition de la population générale aux insecticides néonicotinoïdes ait un retentissement sanitaire.
Néanmoins, des symptômes variés ont été attribués aux résidus de néonicotinoïdes chez six japonais gros consommateurs de fruits et de thé.
Intoxications aiguës par ingestion
Cette partie ne semble pas pertinente pour la controverse actuelle, on soulignera juste que les suicides par ingestions de pesticides proviennent principalement de Taiwan, du Sri Lanka et de Corée et qu'ils semblent donner la mort dans moins de 3% des cas.
Cette article permet de se faire une idée des connaissances actuelles sur les effets des néonicotinoïdes autant sur la santé humaine que sur les abeilles.
On voit qu'ils ne semblent pas poser de problème sanitaire.
Leurs effets néfastes sur les populations d'abeille, bien que vraisemblables, sont aujourd'hui difficiles à quantifier.