Restauration, Réintroduction et Re-ensauvagement dans un monde qui change
La revue commence par établir les définitions utilisées :
L’auteur fait ensuite un état de l’art des différentes méthodes de conservations et une analyse taxonomique des différents termes. Il sépare les méthodes de restauration (au sens “aider un écosystème dégradé à se réhabiliter”), des méthodes de conservation par translocations (mouvement et remise en liberté d’organismes pour des raisons de conservation).
Il décrit aussi le “rewilding”, plus récent, qu’il distingue aussi en deux catégories : le rewilding trophique, où le but est de restaurer les fonctions écosystémiques en restaurant les interactions trophiques de haut en bas, et le rewilding passif, où l’on essaie de minimiser le rôle de l’homme depuis les premières étapes de restauration.
L’auteur présente plus généralement la biologie de la conservation comme un domaine dont l’objectif est souvent de retourner à un écosystème avant l’impact anthropique. Cependant, il y a eu un changement de mentalité et la priorité est aujourd’hui retrouver un bon fonctionnement de l’écosystème. Pour cela, la substitution de taxon est une méthode potentielle. Elle est similaire en de nombreux points avec les introductions volontaires d’organismes pour contrôle biologique et la dé-extinction peut permettre d’augmenter le spectre des espèces potentielles. Les substitutions d’espèces pourraient suivre les mêmes phases : quarantaine, essais à petite échelle, suivis post-remise en liberté. Bien que les introductions volontaires aient souvent été à l’origine d’espèces invasives, les inquiétudes sont moindres si l’on utilise des espèces ressuscitées dont la disparition remonte au Pléistocène ou au début de l’Holocène.
Quand devrions nous intervenir ? C’est la question qui découle de la mise en place de toutes ces méthodes de conservation. Faut-il laisser les écosystèmes évoluer sans contrôle humain ou maintenir un contrôle pour minimiser les conflits homme-nature ? Dans les régions où les environnements sont peu dégradés, le rewilding passif peut être privilégié. Cependant, les régions à faible connectivité, même peu dégradées, seront sensibles aux perturbations et l’intervention humaine peut être bénéfique. Enfin, dans les zones denséments peuplées, les compromis sont obligatoires. Certaines aires spécifiques peuvent nécessiter une intervention active de l’homme pour maintenir une espèce particulière ou un environnement particulier. L’auteur insiste sur le fait qu’il est difficile de tirer une généralité de cela mais propose un schéma potentiel d’interventions en relation avec le changement environnemental (Figure 1).
Dans une dernière partie, l’auteur expose, en s’appuyant sur la littérature, le cheminement qui devrait être utilisé dans le futur. Il insiste sur le fait que l’on ne peut pas négliger les informations apportées par les espèces et écosystèmes passés. Cependant, il souligne que les actions intensives et locales de conservations s’attèlent à préserver une région qui, désolidarisée de ce qui l’entour, devient fragile et sensible aux perturbations. Les projets de conservations devraient être abordés à une échelle globale. Il met aussi en garde contre les substitutions d’espèces, qui sont une solutions, mais qui pourraient entraîner une baisse de la diversité dans les écosystèmes et une diminution de la stabilité à plus grande échelle. Finalement, il met en avant le décalage existant entre la littérature académique, favorisant le changement, et les acteurs sur le terrain, plus conservateurs.
Cette revue, parue dans Trends in Ecology & Evolution, est très récente (2016). Ses informations sont donc d’actualités. Elle est basée sur 70 références, et le contenu est en adéquation avec l’objectif de la revue.
Cette revue n’est cependant écrite que par un seul auteur et peut donc manquer d’objectivité sur certains points.
En présentant les différentes méthodes de conservation et les difficultés de les appliquer dans un monde qui change, l’auteur fournit ici une solide base de réflexion sur le rôle que devrait avoir l’homme dans la conservation. Quand le contrôle humain est-il nécessaire ? Comment agir selon le milieu et les conditions socio-culturelles ? Quelles sont les différents outils à notre disposition ? Quel est l’objectif de la biologie de la conservation aujourd’hui ? Ce papier permet de cibler plus clairement ces thématiques, et même s’il ne donne pas de solutions préconçues, il offre des pistes de réflexion intéressantes et une ouverture sur le sujet. La dé-extinction est considérée comme une approche de permettant d’augmenter le spectre possible pour les substitutions d’espèces. Mais sur un plan plus large, toutes les problématiques qui s’appliquent à l’introduction, la réintroduction ou la substitution peuvent aussi s’appliquer à la dé-extinction.
L’auteur, Richard Corlett, est un chercheur dans le domaine de la conservation. Il est directeur du centre pour la conservation intégrative au Jardin Botanique Tropical de Xishuangbanna (Chine).