Réintroduire des espèces ressuscitées : sélectionner des candidats à la dé-extinction
Dans cet article, les auteurs explicitent le fait que si le domaine de la dé-extinction souhaite dépasser le stade de la production d'individus orphelins limités aux laboratoires et aux zoos, il faut sélectionner les candidats avec soin et se référer à des critères précis et objectifs pour les études de faisabilité des différents projets. Afin de donner un cadre général aux futurs gestionnaires de projets, la dé-extinction est ici traitée comme une réintroduction d'espèce, et 10 questions sont adaptées du Guide pour les réintroductions et translocations d'espèces à but de conservation de l'IUCN. Ces questions devront obtenir une réponse affirmative avant que le projet soit considéré comme viable.
(1) Les causes de l'extinction peuvent-elles être identifiées et résolues ?
(2) Les causes potentielles d'extinction (actuelles et futures) peuvent-elles être identifiées et résolues ?
(3) Les besoins biotiques et abiotiques de l'espèce sont-ils suffisamment bien compris pour déterminer ses nécessités vitales et identifier une zone de réintroduction ?
(4) Existe-t-il une surface suffisante d'habitat convenable et bien géré aujourd'hui et dans le futur ?
(5) La réintroduction est-elle compatible avec la législation existante ?
(6) Les communautés humaines dans et autour de la zone de réintroduction sont-elles prêtes à accepter les bénéfices et coûts de l'opération ?
(7) Le risque que l'espèce réintroduite ait un impact négatif sur son écosystème et sa communauté est-il acceptable ?
(8) Le risque associé aux pathogènes est-il acceptable pour l'espèce réintroduite et pour son écosystème ?
(9) Le risque pour les activités humaines et les services écosystémiques est-il acceptable ?
(10) Sera-t-il possible d'éliminer les animaux réintroduits (et leur descendance) du site dans le cas d'impacts écologiques ou socio-économiques inacceptables ?
Ces questions englobent les principaux impacts socio-économiques, biologiques et écologiques à prendre en compte dans le cadre de la réintroduction d'une espèce. Elles présentent un premier filtre pour proposer un candidat sérieux à un projet de dé-extinction. Si les réponses sont positives, alors les auteurs préconisent de réaliser une étude de faisabilité et une étude des risques plus approfondies, ainsi que réaliser un planning et un suivi post-réintroduction.
À la fin de cette review, trois études de cas sont présentées, pour des espèces éteintes récemment faisant actuellement l'étude de ce genre de projet. Ces trois espèces sont le dauphin de Chine, le thylacine, et un lépidoptère endémique de la région de San Francisco.
Cet article est un "opinion". Il ne prétend donc pas être totalement objectif mais vise plutôt à donner le point de vue des auteurs sur un sujet. Néanmoins, il est soumis à comité de relecture : on peut donc y voir une proposition réaliste et pertinente scientifiquement du genre de démarche qui devra être mise en place pour que les projets de dé-extinction aboutissent.
Dans le cadre de notre controverse, cet article est intéressant car les auteurs font l'effort de poser la base des démarches administratives qui devront être engagées lors du projet de dé-extinction d'une espèce. Alors que la plupart des publications se concentrent sur un des aspects scientifiques de ce problème, cette revue suggère de garder à l'esprit que la dimension sociale et humaine de ces projet sera autant, sinon plus déterminante que les progrès de la science pour la réalisation et le bon déroulement de la dé-extinction d'une espèce.
les auteurs proposent donc une suite de critères objectifs et pertinents biologiquement et écologiquement pour définir si une espèce est apte à être "déséteinte".