Titre de l'article :

Les pollinisateurs sauvages augmentent la nouaison (phase initiale de la formation du fruit) des cultures indépendamment de l'abondance en abeilles domestiques.


Introduction à l'article :

L'abondance et la diversité d'insectes sauvages pollinisateurs sont en déclin dans de nombreux paysages agricoles. Parallèlement, les rendements de cultures pollinisées par les insectes sont souvent gérés pour obtenir une plus grande pollinisation par l'ajout d'abeilles domestiques (Apis mellifera). Le déclin potentiel de pollinisateurs sauvages est mal connu, notamment s'il y a un lien avec l'ajout d'abeilles.
L'augmentation de la nouaison (et du rendement des cultures) devrait varier selon :

  • l'abondance en pollinisateurs (et le taux de visites sur des fleurs), qui devrait augmenter jusqu'à une saturation en individus
  • le nombre d'espèces pollinisatrices (la richesse), qui devrait augmenter la nouaison et réduire sa variation (du fait de pollinisations complémentaires entre espèces)
  • l'abondance relative de chacune (l'équitabilité), qui devrait faire augmenter (par complémentarité entre espèces) ou diminuer (si une espèce est le pollinisateur dominant) la nouaison.
Expériences de l'article :

Le postulat est que les abeilles domestiques peuvent se substituer au rôle des insectes sauvages dans la pollinisation en augmentant leur fréquence.
Plusieurs prédictions ont alors été testées :

  • le nombre de visites des fleurs par les pollinisateurs augmente la quantité de pollen déposé sur les stigmates
  • ce nombre de visites augmente la nouaison
  • il y a une corrélation inverse entre le nombre de visites et la richesse en pollinisateurs sauvages selon le nombre de visites d'abeilles domestiques.

Des données ont été collectées sur 600 terrains, avec une densité variable en abeilles domestiques et une abondance et une diversité variables en insectes sauvages. Richesse et uniformité ont été calculées sur chaque terrain à partir du nombre de visites de fleurs par pas de temps pour chaque espèce. Le dépôt de pollen a été quantifié par le nombre de grains de pollen par stigmate, et la nouaison a été quantifiée par le pourcentage de fleurs donnant des fruits ou des graines matures.

Résultats de l'article :

Plus il y a de visites, plus il y a de pollen, et la nouaison augmente pour toutes les cultures avec le nombre de visites d'insectes sauvages mais pour 14% des cultures pour les abeilles domestiques. La nouaison augmente deux fois plus avec le nombre de visites d'insectes sauvages ainsi qu'avec la richesse en visiteurs et sa variation décroît avec la richesse, mais elles sont indépendantes d'une abondance inégale ou d'une disparité du nombre de visites entre pollinisateurs. Il y a corrélation entre le nombre de visites d'insectes sauvages et la richesse en pollinisateurs, mais pas avec le nombre de visites d'abeilles domestiques. Il n'y a ni compétition pour les ressources ni compensation de la densité d'individus. Le nombre de visites par des insectes sauvages a des effets plus forts que par les abeilles domestiques, avec ou sans interaction. Le meilleur modèle de nouaison dit que les abeilles domestiques complètent la pollinisation des insectes sauvages mais ne la remplacent pas.

Ce que cet article apporte au débat :

La différence entre quantité de pollen déposé et nouaison par les abeilles domestiques est plus forte que par les insectes sauvages ; ils ont une meilleure qualité de pollinisation. Une mauvaise qualité de pollinisation peut être due à un comportement de recherche focalisée de nourriture, c'est le cas de l'abeille domestique, causant un transfert de pollen entre fleurs de même plante ou variété, limitant la pollinisation croisée et augmentant les interférences d'auto-pollinisation et la dépression hybride. La nouaison varie avec la richesse et le nombre de visites d'insectes sauvages mais pas selon l'abondance et le nombre de visites d'abeilles domestiques. Les abeilles domestiques, souvent vues comme des substituts, ne maximisent pas la pollinisation ni ne remplacent des assemblages d'insectes sauvages, et elles ne sont pas en compétition avec eux pour les ressources alimentaires.

Remarques sur l'article :

Cet article s'intéresse à des champs sur tous les continents, dans des zones en dehors du cadre de cette controverse. Cependant, il permet d'avoir un point de vue sur l'impact des abeilles dans des cultures sans considération de l'origine géographique (les auteurs essaient de trouver des interprétations indépendamment de la zone géographique).
Egalement, selon les auteurs, le nombre de visites d'insectes sauvages est un signal intéressant de la richesse et de la pollinisation.

Publiée il y a plus de 6 ans par J. Maugoust et C. Leroy.
Dernière modification il y a plus de 6 ans.