La théorie neutre de la biodiversité permet-elle d'expliquer la distribution des espèces ?
Introduction et contexte de la controverse
La théorie neutre, soumise par Stephen Hubbel en 2001 dans son livre “The Unified Neutral Theory of Biodiversity and Biogeography”, s’est longtemps vue rejetée par une grande part de la communauté scientifique. Depuis, elle tend progressivement à être davantage acceptée voire validée, à travers différentes analyses concernant différents organismes et écosystèmes, et peut être utilisée à différentes échelles spatiales comme temporelles. Cette théorie, héritière de la théorie neutre en génétique des populations (Kimura & Crow, 1970) et de celle de la biogéographie insulaire de MacArthur et Wilson (The theory of island biogeography, 1967), est basée sur trois principes principaux qui amènent une nouvelle vision de l’écologie des communautés : l’équivalence écologique entre individus, leur nombre constant au sein des communautés et le rôle important de la limitation de dispersion. De plus, cette théorie, très axée sur les processus stochastiques, nuance fortement le rôle de l’environnement sur l’assemblage des communautés mais aussi l'abondance des espèces en leur sein.
Les critiques à l’encontre de cette théorie se fondent principalement sur ses principes, jugés irréalistes par de nombreux chercheurs, mais aussi difficiles voire impossibles à tester, ont formé la base de critiques à l’encontre de cette théorie naissante. Pourtant, depuis quelques années, de nombreuses études appuient le rôle de cette théorie, de manière totale ou partielle, et tente de nuancer cette dichotomie entre le modèle neutre et les niches. En effet, pour mieux appréhender la structure des communautés et la coexistence des espèces, ces études se demandent désormais en quelle mesure la diversité observée reflète-elle les mécanismes de stabilisation et d’équivalence.
Questions posées :
En dehors de l’étude de Stephen Hubbell (2001), à l’origine de la théorie neutre, existe-t-il d’autres exemples de communautés répondant à la théorie neutre ? À travers un recueil de plusieurs articles et revues, nous avons tenté de répondre à cette question et de savoir quels étaient les points forts, faibles et l’applicabilité de cet outil d’écologie des communautés. Enfin, de part la richesse de cette thématique, nous nous sommes également demandés si la théorie neutre pouvait encore être considérée comme une simple hypothèse nulle et si elle était réellement incompatible avec la théorie des niches.