Espèce Exotique Envahissante : métamorphose du concept, vers une gestion au cas par cas ?
Un écosystème est un système dynamique avec des modifications du biotope et de la biocénose. Depuis une cinquantaine d’années, l'accélération de l’érosion de la biodiversité ne fait que confirmer la notion d’évolution qui en découle. Or l'homme est impliqué dans la rapidité, la fréquence et l'ampleur des modifications des écosystèmes. Il constitue ainsi une des forces évolutives majeures de l'époque contemporaine.
Les Espèces Exotiques Envahissantes (EEE) sont de bons exemples de modifications des biocénose et biotope des écosystèmes liées à l'homme. Il existe plusieurs définitions pour qualifier ces espèces. L'une des plus utilisées est : « Une EEE est une espèce allochtone dont l'introduction par l'Homme (volontaire ou fortuite), l'implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques ou économiques ou sanitaires négatives » (UICN 2000). L'Homme est donc bien au cœur des causes de l'essor de ces EEE, dont il est d'ailleurs, de par cette définition, le plus dangereux des représentants.
La littérature scientifique s’oppose fortement sur les termes d’espèces invasives, d’espèces non-natives ou encore d'EEE. L’usage de ces termes varie entre les auteurs entraînant une divergence dans les interprétations et dans la pertinence des concepts écologiques autour de ces termes. Ce concept devenu un ‘fourre-tout’ est difficile à comprendre dans la pratique. Pour ces raisons, de nombreux chercheurs s’attellent à déterminer des critères permettant de juger de manière neutre une espèce. Les études sont loin d’arriver à un consensus à ce niveau-là.
La définition négative donnée semble fortement conditionner la gestion des EEE. En effet, la mesure la plus fréquemment utilisée est l’éradication de ces espèces. Cependant, le paradigme autour de leur gestion est en train d'évoluer car, alors que cette gestion a comme mot d’ordre un « Kill them all, always, everywhere », de plus en plus de chercheurs s'intéressent aux conséquences positives que peuvent avoir certaines de ces espèces sur les écosystèmes qu'elles envahissent, d'un point de vue écologique et évolutif, mais aussi aux impacts négatifs que peuvent avoir les plans d'éradication de ces espèces sur ces mêmes écosystèmes.
Faut-il donc repenser la gestion des EEE en redéfinissant les contours du concept d’EEE et du cadre écologique et évolutif. Ceci nous amène donc à notre sujet qui est : EEE : métamorphose du concept, vers une gestion au cas par cas ?