L’extermination d’espèces exotiques envahissantes : bonne ou mauvaise pour l’équilibre des écosystèmes insulaires ?
Introduction
L’introduction d’espèces dans des zones extérieures à leurs répartitions initiales existe depuis plusieurs millénaires, on les appelle espèces exotiques. Beaucoup ont été transportées ou introduites de manière volontaire (i.e. jardins botaniques, lutte contre certaines espèces ou augmentation des rendements de production ) ou involontaire (i.e. échanges de marchandises ou eaux de ballast). Parmi elles, certaines sont considérées exotiques envahissantes, c’est-à-dire qu’elles sont intentionnellement ou accidentellement introduites et capables de se maintenir et de se reproduire dans le nouvel habitat en y provoquant des perturbations (Blackburn et al., 2011).
Dans un contexte de changement global et de mondialisation, la demande et les échanges accrus entre pays et continents n’ont fait qu’accentuer/accélérer le processus de déplacement des espèces. Le changement climatique aussi a eu tendance à favoriser le développement de certaines espèces pouvant passer à travers de nombreux filtres biotiques/abiotiques rapidement et efficacement.
Un des moyens mis en œuvre pour se débarrasser des espèces invasives est l'extermination totale dans un endroit donné mais au final, est-elle bonne ou mauvaise pour le maintien de l'équilibre des écosystèmes ?
Cadre concret
La majorité des études ont montré que l'impact des introductions d'espèces exotiques envahissantes était d'autant plus marqué en milieux insulaires (Spatz et al., 2017). Ils représentent 5.3% des terres émergées (UNEP-WCMC, 2015) et pourtant ils abritent 30% de la biodiversité du globe (Gerlach., 2008). Ce sont de formidables indicateurs des impacts du changement climatique et des espèces invasives. Ils sont intéressants pour répondre à la question de l'impact de l'extermination totale car l'insularité permet une extermination efficace et limite l'arrivée de nouveaux individus. Le biomonitoring apparaît donc plus facile et plus fiable pour les suivis avant/après extermination. On se focalisera donc sur les îles pour cette controverse (Australie exclue).
Cadre conceptuel
Pour cette étude, il est important de replacer les espèces envahissantes/ nuisibles à différentes échelles temporelles/spatiales pour les différents niveaux d'organisation des écosystèmes étudiés. On sait qu'il faut mettre en place une gestion sur les îles (i.e. pour 76% des îles envahies, la gestion est bénéfique à 39% des espèces menacées (Spatz et al., 2017)) mais à quel prix pour l'écosystème dans sa globalité ?