Apiculture et conservation : l'abeille domestique menace-t-elle les pollinisateurs sauvages dans son aire de répartition originelle ?
L'abeille domestique, Apis mellifera (Linnaeus 1758), est une espèce domestiquée depuis environ 4000 ans, et aujourd'hui la plus répandue en Europe. C'est l'une des rares abeilles (super-famille des Apoidea) à avoir un mode de vie eusocial (colonies pluri-annuelles fondées par une reine reproductrice et ses nombreuses filles ouvrières). L'apiculture consiste à l'élever en ruchers à des fins de production de miel et autres produits de la ruche, et pour la pollinisation (agriculture).
Il existe près de 2000 espèces d'abeilles sauvages en Europe, essentiellement solitaires et à durée de vie annuelle. Cette diversité constitue donc une part essentielle de la pollinisation, aussi bien de plantes cultivées que sauvages.
L'implantation de ruches d'abeilles domestiques (dizaines de milliers d'individus) pourrait nuire à ces pollinisateurs sauvages, notamment par compétition pour les ressources florales. Étant généraliste (polylectique : butinant des espèces de plantes variées) et en forts effectifs, A. mellifera pourrait être très avantagée par rapport à des pollinisateurs plus spécialisés (oligolectiques).
Cette question est particulièrement importante pour la gestion de parcs naturels vis-à-vis de l'impact de ruches sur une biodiversité riche et fragile.
COMPÉTITION : Interaction néfaste aux différents acteurs qu’elle implique.
Compétition pour les ressources (Gause 1935)
- La compétition par interférence est une interaction directe, par exemple par agression physique.
- La compétition par exploitation est une interaction indirecte due à l'utilisation d'une même ressource limitée par différentes espèces. L'un des acteurs, en exploitant plus efficacement cette ressource, en prive l'autre compétiteur pour tout ou partie.
Compétition apparente (Holt 1977)
- Interaction indirecte due à une pression de prédation ou de parasitisme commune. Par exemple, lorsque 2 espèces en sympatrie (sur le même territoire) partagent un même parasite, elles constituent un réservoir plus important pour celui-ci. En général, l’espèce hôte la plus rare ou la plus sensible est réduite ou éliminée avec cette augmentation de propagation du parasite.
LIMITES GÉOGRAPHIQUES
Cette controverse se focalise sur les effets que pourraient avoir l'implantation de ruches dans l'aire de répartition originelle de l'abeille domestique (Afrique et Eurasie) sur les populations d'abeilles sauvages afin d'éviter l'effet de son introduction en tant qu'espèce non-native sur des pollinisateurs autochtones (ex. : États-Unis, Australie).