Le réensauvagement : une méthode de conservation durable ?
Le réensauvagement est une stratégie de conservation qui se distingue des méthodes traditionnelles par plusieurs points. Elle se concentre sur la restauration des processus écologiques (et non sur la conservation des espèces en elles-mêmes) en réintroduisant des espèces clés. Ces espèces, essentiellement des grands herbivores et carnivores, permettent de restaurer les interactions et les cascades trophiques associées ainsi que de nombreux processus biogéochimiques. De plus, elle tente de minimiser l'intervention humaine dans la gestion des territoires réensauvagés afin de promouvoir des écosystèmes diversifiés et auto-régulés.
Le réensauvagement a pris son essor suite à des découvertes paléontologiques prouvant les extinctions massives de grands animaux au début de l'Holocène, particulièrement en Amérique, qui auraient entraîné de grandes perturbations des écosystèmes. C'est pourquoi les premiers projets de réensauvagement ont eu lieu en Amérique du Nord et ont tenté de reconnecter de nombreuses aires protégées tout en réintroduisant cette mégafaune comme le loup. Les projets se sont ensuite bien développer en Europe, qui visaient plutôt à gérer les terres agricoles abandonnées.
Cette méthode de conservation est toutefois au cœur de nombreux débats. D'un côté, elle permettrait la restauration de nombreuses fonctions écologiques comme le maintien d’habitats ouverts par les grands herbivores et la restauration de cascades trophiques prédateurs-proies-plantes, pouvant à terme augmenter les niveaux de biodiversité. Elle permet également de fournir de nombreux services écosystémiques (séquestration du carbone...) et elle apporte un certains nombre de bénéfices socio-économiques, comme le développement de l'écotourisme.
Mais d'un autre côté le réensauvagement doit faire face à un certain nombre de problèmes. En effet, la réintroduction de certaines espèces pourrait entraîner la transmission de maladies. Aussi, la complexité des interactions est difficile à prévoir ; les espèces introduites peuvent devenir invasives ou avoir des impacts négatifs sur les communautés hôtes. De plus, les individus introduits présentent souvent une faible variabilité génétique. Également, les grands vertébrés introduits pourraient être dangereux (loup, bison) et nuire aux activités anthropiques (agriculture, élevage...). Enfin, certains défis socio-économiques sont également à relever.