Un site archéologique de 130 000 ans en Californie du Sud, Etats-Unis d'Amérique
A travers une approche pluridisciplinaire (datation relative, datation absolue basée sur isotopes radioactifs, archéologie expérimentale, analyse d'ossements...), l'étude d'ossements d'un mammouth mâle présent sur un site archéologique en Californie du Sud permet de mettre en évidence la présence du genre Homo en Amérique il y a près de 130 000 ans !
Cette découverte bouleverse la compréhension actuelle du peuplement de l'Amérique et amène à reconsidérer complètement les dates aujourd'hui proposées quant aux premiers peuplements humains du continent.
Les ossements d'un mammouth mâle retrouvé sur le site archéologique sont minutieusement répertoriés et analysés. Des photographies digitales et modélisation 3D permettent d'étudier diverses aspérités identifiées sur certains fragments.
Des mesures physiques et reconstitution en archéologique expérimentale sont effectuées sur des os des éléphants percutés et fragmentés avec des reconstructions de marteaux et enclumes paléolithiques de manière à pouvoir les comparer aux impacts observés sur le site.
La datation du site est effectuée en recoupant des méthodes de datation relative (étude des dépôts sédimentaires) et absolue (séries de déséquilibres radioactifs de l'Uranium - 230Th/U).
Les fragments osseux présentent des traces et impacts caractéristiques de l'utilisation d'outils : marteaux et enclumes. De nombreuses molaires et ossements présentent des traces de percussions.
Les ossements sont impactés de manière sélectives, typique de l'utilisation humaine. Les hypothèses alternatives (autres prédateurs, érosion, intempéries...) n'expliquent pas de manière adéquate les impacts observés. Des traces d'outils et fragments d'outils ayant subis des impacts propres à leur utilisation ont également étés trouvés sur le site.
Une méthode de datation sédimentaire par luminescence a atteint les doses de saturation indiquant un âge de dépôt des sédiments supérieurs à 60-70 000 ans. La datation absolue par isotopes radioactifs 230Th/U de nombreux fragments osseux permettent de dater le site à il y a 130 000 ans (à + ou - 10 000 ans près).
L'article est complet et rigoureux, des annexes sont fournies et détaillent les protocoles appliqués pour chaque expérience et mesure entreprise.
Cet article fournit des preuves de la présence d'une espèce non identifiée du genre Homo en Amérique du Nord il y a 130 000 ans.
Cette découverte amène à reconsidérer l'ensemble des hypothèses émises précédemment et incite à poursuivre davantage de recherches archéologiques pour mieux comprendre les migrations en Amérique et reconsidérer le timing aujourd'hui envisagé pour celles-ci.
The earliest dispersal of humans into North America is a contentious subject, and proposed early sites are required to meet the following criteria for acceptance: (1) archaeological evidence is found in a clearly defined and undisturbed geologic context;(2) age is determined by reliable radiometric dating; (3) multiple lines of evidence from interdisciplinary studies provide consistent
results; and (4) unquestionable artefacts are found in primary context1,2. Here we describe the Cerutti Mastodon (CM) site, an archaeological site from the early late Pleistocene epoch, where in situ hammerstones and stone anvils occur in spatio-temporal
association with fragmentary remains of a single mastodon (Mammut americanum). The CM site contains spiral-fractured
bone and molar fragments, indicating that breakage occured while fresh. Several of these fragments also preserve evidence of
percussion. The occurrence and distribution of bone, molar and stone refits suggest that breakage occurred at the site of burial. Five large cobbles (hammerstones and anvils) in the CM bone bed display use-wear and impact marks, and are hydraulically anomalous relative to the low-energy context of the enclosing sandy silt stratum. 230Th/U radiometric analysis of multiple bone specimens using diffusion–adsorption–decay dating models indicates a burial date of 130.7 ± 9.4 thousand years ago. These findings confirm the presence of an unidentified species of Homo at the CM site during the last interglacial period (MIS 5e; early late Pleistocene), indicating that humans with manual dexterity and the experiential knowledge to use hammerstones and anvils processed mastodon limb bones for marrow extraction and/or raw material for tool production.
Systematic proboscidean bone reduction, evident at the CM site, fits within a broader pattern of Palaeolithic bone percussion technology in Africa3–6, Eurasia7–9 and North America10–12. The CM site is, to our knowledge, the oldest in situ, well-documented archaeological site in North America and, as such, substantially revises the timing of arrival of Homo into the Americas.