Titre de l'article

Une gestion des prairies semi-naturelles favorisant la diversité des plantes et des insectes : L'importance de l'hétérogénéité et de la tradition

Introduction à l'article

La gestion des prairies semi-naturelles se fait par fauche (pour les foins), pâturage ou parfois les deux. Dans les zones tempérées, elles font partie des écosystèmes les plus biodiverses mais subissent elles aussi la déprise. Elles sont donc considérées comme des habitats "en danger" car l'utilisation de mauvaises méthodes de gestion entraine leur disparition et menace ainsi leur biodiversité. Par exemple, la pâturage sur une prairie habituellement fauchée ou l'inverse, peut avoir un effet néfaste sur la biodiversité.
Quelques méthodes de gestion se sont montrées bénéfiques pour la conservation de plusieurs taxons éloignés (Year-round horse grazing supports typical vascular plant species, orchids and rare bird communities in a dry calcareous grassland). Ici, ils cherchent à déterminer l'effet des différents modes de gestion sur la diversité des plantes et des insectes des prairies semi-naturelles afin de déterminer si il existe un mode de gestion permettant la conservation de ces 2 groupes.

Expériences de l'article

L'étude se déroule dans la zone naturelle protégée et réserve de biosphère des Carpates blanches, en République Tchèque. Dans cette région, avant l'intensification agricole, les prairies semi-naturelles étaient fauchées puis pâturées. Les prairies abandonnées évoluent naturellement vers des landes boisées. De nos jours, elles font l'objet de mesures de conservation dont certaines sont subventionnées.
Ils ont échantillonné 34 prairies ayant bénéficié de mesures de gestion différentes entre 2006 et 2010 et représentant les différents types de prairies régionaux.
Ils ont identifié les espèces de plantes vasculaires, de papillons, d'orthoptères, de bousiers et de papillons de nuits sur chaque site et ont estimé l'intérêt de conservation de chaque site à partir de la liste rouge et des expertises naturalistes.
Ils ont ensuite enregistré 3 groupes de variables : Gestion, Climat et Paysage ; dont ils ont estimé l'effet par des modèles linéaires généralisés et des analyses discriminantes.

Résultats de l'article

Les différents groupes ne sont pas affectés par les mêmes variables :
-La méthode de gestion a un effet sur la richesse et la composition spécifique des plantes et des papillons de nuit et sur la diversité des lépidoptères.
-Le climat joue sur la richesse et la composition spécifique des orthoptères.
-La stratification végétale a un effet sur la composition spécifique des bousiers.

Il n'existe aucune méthode de gestion des prairies permettant la conservation de toutes ou la plupart des espèces animales et végétales et de leur assemblage.
-La fauche a un effet positif sur la diversité spécifique des plantes et des papillons de nuit mais peut être néfaste pour les espèces d'orthoptères et de lépidoptères sur le long terme.
-Le pâturage a un effet négatif sur la diversité spécifique des papillons de nuit.
-L'abandon du milieu n'a eu d'effet direct sur les différents groupes.
-La gestion mixte a un effet positive sur la richesse spécifique des papillons de jour et des plantes.

Rigueur de l'article
  • L'impact du pâturage n'est pas le même selon l'espèce domestique qui pâture. Cependant, ici, ils considèrent seulement le pâturage en général
  • La faible intensité de pâturage et de la fauche peut être responsable de certaines (non-)observations et ainsi biaiser leurs analyses.
  • Les pâturages peuvent être des écosystèmes avec une faible résilience, donc 4 ans ne seraient pas suffisant pour voir les véritables effets.
Ce que cet article apporte au débat

Dans cet article, les auteurs montrent l'importance du maintien du même mode de gestion sur les parcelles : une parcelle qui a l'habitude d'être fauchée doit continuer de l'être. En effet, ils identifient un effet néfaste du pâturage sur la diversité des groupes d'insectes dans les prairies originalement fauchées. Cette méthode homogénéisant le milieu, elle ne permet pas l'installation de plusieurs groupes d'espèces.

Selon eux, une fauche partielle, avec une jachère courte puis potentiellement un pâturage pourrait être la méthode de gestion la moins néfaste pour ces milieux et leurs espèces. Le pâturage faisant partie intégrante du pastoralisme, cela suggère que dans certains milieux, le pastoralisme n'est pas adapté pour limiter la fermeture du milieu car les espèces qui y sont présentes y sont vulnérables.

Figure
Légende :

Distribution des sites d'études (en noir) des aires protégées et de la réserve de la biosphère des Carpates blanches (Bílé Karpaty) (Bonari et al., 2017)
Les carrés blancs représentent les pics montagneux.

Publiée il y a environ 6 ans par A. Prud'homme et C. Sirejacob.
Dernière modification il y a environ 6 ans.
Article : Management of semi-natural grasslands benefiting both plant and insect diversity: The importance of heterogeneity and tradition
  • 1
  • Auteurs
    Gianmaria Bonari, Karel Fajmon, Igor Malenovský, David Zelený, Jaroslav Holuša, Ivana Jongepierová, Petr Kočárek, Ondřej Konvička, Jan Uřičář, Milan Chytrý
  • Année de publication
    2017
  • Journal
    Agriculture, Ecosystems & Environment
  • Abstract (dans sa langue originale)

    Highlights

    • Management practices may have different effects on plant and insect diversity.
    • Conservation management planning requires harmonisation of these contrasting needs.
    • Spatio-temporally heterogeneous management seems to be the best strategy.
    • Grazing is unsuitable for traditionally mown grasslands.
    • Mowing should be used as in pre-intensive farmland, creating heterogeneity.

    Abstract
    Biodiversity of semi-natural grasslands depends on the management practices used. However, management systems suitable for one taxon, such as plants, can be detrimental to other taxa, such as insects, and vice versa. This study attempts to support conservation management planning by clarifying the effects of different grassland management practices on species richness and species composition of vascular plants, butterflies, moths, orthopterans and ground beetles, also taking into account the effects of climate and the landscape context. The study was performed in the White Carpathians Protected Landcape Area and UNESCO Biosphere Reserve (Czech Republic), which is famous for its grasslands with the globally highest fine-scale plant species richness. Different management practices (mowing, grazing, abandonment and mixed management; the latter including the previous three) were applied for at least five consecutive years at 34 sites, where plants and different insect groups were subsequently sampled. Effects of management on species richness of different taxonomic groups were assessed using generalised linear models, whereas the effects on species composition were assessed using redundancy analysis. Management influenced plant, butterfly and moth species richness, but the effects of particular management practices on all species and species of regional conservation importance differed between these taxonomic groups. Plant and moth species richness increased with mowing, but moth species richness decreased with grazing. Mixed management favoured plant and butterfly richness. Plant species composition was infuenced by mowing, grazing and mixed management while that of moths by mowing and grazing. Orthopterans and ground beetles did not respond significantly to management. Our results indicate that conservation management should comprise the traditional practices that have historically contributed to the formation of the biological diversity of the semi-natural grasslands in the study area. In particular, grazing may not be optimal for traditional hay-meadows and mowing should be carried out similarly as in pre-intensive farmland, creating spatio-temporal heterogeneity rather than uniformly cutting large grassland areas during a short period. In general, the optimal management should be heterogeneous, applying different practices in a mosaic or at different times during the season.

  • Identifiant unique
    10.1016/j.agee.2017.06.010
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    Le pastoralisme est-il néfaste ou bénéfique pour la biodiversité ?
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