La pollinisation par les abeilles augmente la quantité et la qualité de production agricole au Burkina Faso, Afrique de l'Ouest
La présence de pollinisateur est un atout majeure pour ne nombreuses plantes à fleures et est devenue, au fil des millénaires, un réel allié pour l'Homme et ses cultures. Tout comme diverses régions du monde, l'Afrique du l'Ouest est en proie aux changements, tant au niveau climatique que des méthodes agraires. Ces changements mettent en danger les pollinisateurs et particulièrement la plus célèbre, Apis mellifera. L'objectif de cette étude est de quantifier l'importance des pollinisateurs, à la fois dans un cadre large incluant tous les insectes pollinisateurs et à la fois dans un cadre plus restreint en questionnant l'importance de chacune de ces espèces.
Autrement dit, le but de cet article est (1) de savoir si la présence de pollinisateurs améliore les rendements agricoles en zone subsaharienne et (2) de connaître le rôle des abeilles semi-domestiques comparé à celui des abeilles sauvages.
Etude couvrant la saison des pluies et le début de la saison sèche, faite sur des cultures de coton et de sésame. 3 types de traitement ont été testés : OPEN (Pollinisation naturelle ouverte, sans manipulation), CROSS (pollinisation croisée forcée en émasculant les fleurs) et SELF (auto-pollinisation spontanée en excluant les pollinisateurs). Pour le coton, les anthères ont été retirées directement sur le terrain entre 7h et 7h30 du matin, avant la libération du pollen tandis que pour le sésame, le troisième type de culture a été testé sous serre en Allemagne. Ont ensuite été quantifiés la mise en place du fruit, le nombre de fruits, le poids des graines et des fibres. Pour quantifier les espèces de pollinisateur et leur efficacité : 300 fleurs ont été marquées. Chaque matin, à 7h, les scientifiques ont attendus que les fleurs s’ouvrent puis ont capturés les pollinisateurs en les plaçant dans une solution alcoolisée. Expérience menée sur près de 550 fleurs par champs et par traitement.
La pollinisation par Apis mellifera et les autres abeilles sauvages permet d'augmenter significativement la productivité agricole d'environ 62% tandis que cette même productivité diminue drastiquement sans ces pollinisateurs. Ces derniers améliorent les récoltes que ce soit en terme de poids de graines, de poids des fibres et de mise en place du fruit.
L'abeille domestique y est pour beaucoup en réalisant la quasi totalité des visites, que ce soit sur les plans de sésame ou de coton. Le rôle des espèces sauvages et des autres pollinisateurs est bien moindre d'après les quantifications des chercheurs.
L'article est très rigoureux dans ces méthodes de quantification et les résultats sont bien significatifs. Seul reproche, les traitements SELF et CROSS étant très difficiles à réaliser sur le sésame, ces derniers ont été réalisés sous serre en Allemagne. Ce qui a pu apporter un biais au niveau des résultats pour cette plante. Cependant, les chercheurs en ont conscients et évoquent eux-même ce problème. Il faut somme toute rester prudent quant aux résultats en gardant à l'esprit que l'étude a été faite sur une petite zone géographique et qu'elle ne permet pas d'inférer un rôle des abeilles à échelle globale.
Ici, dans un cadre géographique restreint bien entendu, on peut voir que l'abeille domestique (ici semi-domestique) est le principal pollinisateur. Compte tenu du faible nombre de visites des autres pollinisateurs, sa disparition pourrait engendrer d'importantes pertes en terme de productivité agricole. L'étude postule donc qu'Apis mellifera ne peut être substitué par d'autres espèces et qu'elle reste essentielle pour les cultures humaines au Burkina Fasso.
Mutualistic biotic interactions as among fowering plants and their animal pollinators are a key
component of biodiversity. Pollination, especially by insects, is a key element in ecosystem functioning,
and hence constitutes an ecosystem service of global importance. Not only sexual reproduction
of plants is ensured, but also yields are stabilized and genetic variability of crops is maintained,
counteracting inbreeding depression and facilitating system resilience. While experiencing rapid
environmental change, there is an increased demand for food and income security, especially in subSaharan communities, which are highly dependent on small scale agriculture. By combining exclusion
experiments, pollinator surveys and feld manipulations, this study for the frst time quantifes the
contribution of bee pollinators to smallholders’ production of the major cash crops, cotton and sesame,
in Burkina Faso. Pollination by honeybees and wild bees signifcantly increased yield quantity and
quality on average up to 62%, while exclusion of pollinators caused an average yield gap of 37% in
cotton and 59% in sesame. Self-pollination revealed inbreeding depression efects on fruit set and low
germination rates in the F1-generation. Our results highlight potential negative consequences of any
pollinator decline, provoking risks to agriculture and compromising crop yields in sub-Saharan West
Africa.