Comparaison de l’efficacité de la pollinisation des abeilles sur le bleuet à feuilles étroites (Vaccinum angustifolium)
Le bleuet à feuilles étroites est un arbuste endémique d'Amérique du Nord. Il est très utilisé en horticulture aux Etats-Unis mais aussi au Québec et sa production est fortement dépendante des abeilles (pollinisation croisée). Des femelles de nombreux genres sont adaptées à sa pollinisation (Andrena, Bombus, Halictus, ...). Avec l'augmentation de la taille et du nombre de champs de bleuet, le nombre de fleurs à polliniser augmente et la pollinisation par les abeilles sauvages ne suit pas. Certains champs sont supplémentés avec Apis mellifera qui n'est pas adaptée au bleuet, alors que d'autres espèces (Bombus sp. et Habropoda sp.) sont de meilleurs pollinisateurs sur Vaccinum ashei, une autre espèce de bleuet. On se questionne donc sur le service pollinisateur qu'apporte l'abeille domestique. Le but de cette étude est d'estimer le service pollinisateur de plusieurs espèces d'abeilles en se basant sur la transmission du pollen vers le style d'une autre plante.
En juin, dans une exploitation agricole de V. angustifolium, trois champs ont été suivi : 1 supplémenté avec A. mellifera, 1 avec Megachile sp et 1 avec les deux.
Le taux de visite de fleur, le pourcentage de visite avec dépôt de pollen et le nombre de grains de pollen déposés sur le style ont été évalué pour A. mellifera ainsi que d'autres espèces présentes lors de l'étude.
Le taux de visite par abeille est estimé en suivant un individu 3 min et en comptant le nombre de fleurs visitées.
Les deux autres paramètres sont estimés en plaçant des cages d'exclusion sur les bleuets. Lors de la floraison, les cages sont retirées et on observe directement le comportement des abeilles. Pour compter le nombre de grains de pollen déposés, les styles sont coupés et analysés au microscope optique à l'aide d'un colorant. Des contrôles sont réalisés pour éviter de prendre en compte auto-pollinisation.
Ces données sont ensuite utilisées pour déterminer des indices de pollinisation.
On observe une différence du service pollinisateur en fonction de la stratégie de foraging des espèces. Les "pollen harvester" sont de meilleurs pollinisateurs que les "nectar forager". Les abeilles domestiques collectant principalement du nectar, leur capacité de pollinisation du bleuet n'est pas bonne.
Le pourcentage de pollinisation d'A. mellifera est estimé à moins de 25% alors que pour les "pollen harvester", il dépasse les 85%. Ces derniers visite d'ailleurs 3 à 6 fois plus de fleur que les autres et ils déposent trois fois plus de pollen lors d'une visite qu'A. mellifera.
Des extrapolations sont faites en assumant qu'une fleur de bleuet avec moins de pollen apporté par un pollinisateur fera de moins gros fruits avec moins de graines. Les fleurs devraient donc avoir besoin de plusieurs de visites d'A. mellifera pour que les fruits soient d'une qualité acceptable. Il faudrait donc apporter beaucoup de ruches pour un seul champs.
Article cité 169 fois avec Mackenzie qui est une spécialiste du bleuet et des abeilles.
Par contre, un protocole pour voir si les différence de pollinisation observées influence la qualité du fruit (poids, nombre de graines) aurait été intéressant (au lieu de seulement l'extrapoler).
L'étude montre qu'A. mellifera n'est pas un très bon pollinisateur du bleuet à feuilles étroites et que d'autres pollinisateurs sont plus légitimes pour endosser ce rôle. On nous apporte la différence entre les abeilles qui cherchent du nectar (moins bonne pollinisatrices, dont fait partie A. mellifera) et celles qui cherchent du pollen (meilleures pollinisatrices).
The pollination effectiveness (floral visitation rate, percentage of flowers pollinated, and pollen deposition) of indigenous and introduced bees visiting lowbush blueberry (Vaccinium angustifolium Aiton) was studied in Nova Scotia from 1992 to 1994. Floral visitation rate alone was not a good indicator of pollination effectiveness, as not all floral visits resulted in successful pollination events. As a group, pollen-harvesting taxa pollinated >85% of flowers visited as compared with under 25% for nectar foragers. Equivalencies derived from floral visitation rates and pollination percentages show that the most effective pollen-harvesters, Bombus spp. queens and Andrena spp., would pollinate 6.5 and 3.6 flowers, respectively, in the time it would take a nectar-foraging honey bee, Apis mellifera L., to pollinate a single flower. Average pollen deposition for nectar-foragers (A. mellifera and Megachile rotundata F.) did not exceed 13 tetrads per visit, which was significantly less than all pollen-harvesters. Among pollen-harvesters, Bombus spp. workers, M. rotundata and Halictus spp. deposited moderate stigmatic loads (34, 28, and 26 tetrads, respectively), whereas Bombus spp. queens and Andrena spp. deposited >45 tetrads per single visit. Pollination equivalencies show A. mellifera would have to visit a flower four times to deposit the same amount of pollen as single visits by Bombus spp. queens or Andrena spp.